Ecrire sans travestir, Informer sans manipuler, Analyser sans préjugés

Plus rien ne sera comme avant !

La date du 11 avril  2021 se révèle historique à plus d’un titre pour le Tchad. Elle marque la tenue du dernier scrutin présidentiel organisé par Feu le Maréchal du Tchad Idriss Déby Itno pour un sixième mandat. La tragique disparition sur le champ de bataille, le 20 avril, remet les compteurs à zéro. Car, après trente ans d’apprentissage de la démocratie, le Tchad est (presque) condamné à tout réapprendre à nouveau des vertus de la démocratie qui sont la bonne gouvernance, la transparence dans les élections, le respect des libertés publiques, la justice équitable pour tous les citoyens, le développement économique profitable à tous, le respect des textes constitutionnels…

L’expérience de la disparition du président de la République à un moment où on s’y attendait le moins montre combien le respect des normes en matière de démocratie est capital pour la stabilité de la nation. Cependant, l’accaparement du pouvoir par les militaires au lendemain de la tragédie, loin d’apaiser les esprits, a inspiré la peur des lendemains incertains, même si, du point de vue sécuritaire, la menace rebelle du Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad, a été contenue. L’assurance donnée par le Comité Militaire de Transition de remettre le pouvoir aux civils au terme de dix-huit mois de transition à l’issue des élections libres et transparentes, n’a d’égal que les tergiversations de la communauté internationale à contraindre les nouvelles autorités à rendre immédiatement le pouvoir aux civils. Au demeurant, les retards accusés pour lancer la machine de la réconciliation nationale à travers le Dialogue National Inclusif, inspirent des méfiances légitimes sur les visées réelles de la junte militaire accusée à tort ou à raison de vouloir perpétuer une transmission dynastique du pouvoir. Si cela venait à se produire à travers des manœuvres politiciennes, ce sera reparti pour trente autres années en arrière.

En fait, les raisons profondes de la contestation du pouvoir du défunt Maréchal Idriss Déby Itno, ce sont son bilan socioéconomique peu reluisant, l’érection en règle de l’injustice sociale, la discrimination, le népotisme, le clanisme, le manque de reddition des comptes, etc. Autant de maux dont souffrent toutes les communautés nationales et que dénoncent les organisations de la société civiles nationales et internationales. Ces mauvaises pratiques doivent être disséquées afin de retracer une nouvelle voie pour le pays sur les rails du développement du pays. Il ne s’agit pas forcément de faire la chasse aux sorcières, mais de rechercher les solutions pour arrimer la gouvernance tchadienne aux normes internationales qui guident un Etat qui se dit démocratique et de droit. Plus que jamais, l’heure est venue pour les Tchadiens de se regarder les yeux dans les yeux, de se dire la vérité dans la franchise, pour trouver des solutions idoines à leurs problèmes.

Le Tchad a longtemps clamé son exception au point de sacrifier la vie de ses propres enfants sur l’autel de la stabilité sous-régionale, de la lutte contre le terrorisme, de la paix chèrement acquise. Il est temps pour que les partenaires du Tchad soutiennent la lutte des citoyens tchadiens de l’intérieur comme de l’extérieur qui aspirent aussi à vivre dignement dans leur pays, comme ils le font pour les leurs.

La mort du Maréchal du Tchad ne doit pas être vaine. Le Mouvement Patriotique du Salut dont il était le fondateur se vante d’avoir apporté la démocratie au Tchad. Les Tchadiens attendent qu’il montre qu’il ne dérogera pas à cette idéologie en s’associant à toutes les forces vives du pays, pour rechercher les conditions d’un retour rapide à la légalité constitutionnelle, au lieu de se livrer à des allégeances sporadiques auprès du Comité Militaire de Transition en vue d’accéder à nouveau à la mangeoire. Plus rien ne sera comme avant !

Nestor H. Malo

TC 395/396, mars-avril 2021

Share on facebook
Facebook
Share on twitter
Twitter
Share on linkedin
LinkedIn
Nestor HINYANDIGUIM MALO

Nestor HINYANDIGUIM MALO

Laisser un commentaire