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En 63 ans, sommes-nous véritablement une nation ?

Le Tchad a célébré le 11 août dernier, le 63ème anniversaire de son accession à l’Independence. L’occasion, pour le président de la transition d’adresser à la nation tchadienne un message d’unité, d’égalité, et de résilience. En 63 ans, les Tchadiens forment-ils une nation ?

Mornon Justine, c’est un euphémisme de dire que le message à la nation du président de transition a un air du «déjà vu ou entendu». «Il n’y a pas eu du nouveau dans cette sortie. C’est le même contenu sans action concrète», estime un sexagénaire, témoin de l’histoire, devant son poste récepteur. Le président de transition insiste sur les valeurs d’égalité, de justice, d’unité, d’intégrité et de liberté pour ne citer que celles-là. «Je voudrais saluer la mémoire de ces héros de l’indépendance, connus et inconnus, dont le concours a permis que nous héritions d’un pays uni et indivisible. La flamme de l’espoir qu’ils ont allumée il y a plus d’un demi-siècle continue d’éclairer la marche sereine du Tchad…vers le progrès et le rayonnement. Nous devrions donc être digne de cet héritage et devrions continuer à porter haut les flambeaux de l’intégrité, de la liberté, de la justice et de l’unité tout en préservant les principes et les valeurs sur lesquels notre nation a été fondées», indique Mahamat Idriss Déby Itno.

A côté de ce discours porteur, le président Mahamat Idriss Déby Itno s’est-il donné des moyens pour asseoir ces valeurs qui «fondent cette nation» ? Au regard de l’actualité, les Tchadiens partagent-ils ces valeurs ? Peut-on parler de liberté quand des manifestations sont systématiquement réprimées dans le sang ? Peut-on parler d’égalité si certains citoyens ont le droit de vie et de mort sur d’autres sans que les pouvoirs publics ne réagissent ? La liste des candidats retenus pour la formation de pilote d’avion et de drones en Turquie publiée à la veille de ce message à la nation n’est-elle pas en porte-à-faux par rapport à ce discours ?

63 ans pour un pays n’est rien mais si le Tchad est une personne, il sera déjà un vieillard et aura grandi en sagesse. Mais au bout de 63 ans, les Tchadiens n’arrivent toujours pas à séparer «le bon grain de l’ivraie» et peinent à dépasser les clivages ethniques, régionalistes, religieux et autres. En 63 ans, les différents dirigeants qui se sont succédé à la tête du pays n’arrivent pas à incarner les valeurs qu’ils prétendent inculquer à leur peuple et les Tchadiens n’épousent pas la notion du patriotisme. Aujourd’hui, les fondements d’une nation véritablement unie s’effritent au détriment du clientélisme, du népotisme et du régionalisme. Les Tchadiens comme le dénonce un analyste continuer à fonctionner comme «une juxtaposition de plusieurs populations ou peuple sur un même territoire».

Passons du discours aux actes. Les Tchadiens en ont vraiment besoin.

Stanyslas Asnan

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