Interpellés le 8 octobre dernier alors qu’ils faisaient le footing, les 72 militants du parti « Les Transformateurs » subiraient dans les locaux des renseignements généraux à N’Djamena des «traitements dégradants et inhumains ».
L’annonce a été faite au cours d’un point de presse ce jeudi 12 octobre 2023. Les 72 militants du parti Les Transformateurs arrêtés le dimanche sont soumis à des « traitements dégradants et inhumains perpétrés ». « Nous avons appris avec regret et consternation » que les « 78 militants (…) ont été arbitrairement arrêtés par les forces de l’ordre et gardés à vue dans les locaux des renseignements généraux, dans des conditions inhumaines et absolument cruelles », indique le collectif d’avocats assurant leur défense. Et ce, en « violation totale » des règles relatives aux conditions et délai de garde à vue. « Ces jeunes sont entassés à même le sol sans nourriture adéquate, ni eau, ni protection contre les moustiques », informent les avocats de défense qui se dit « extrêmement inquiet » par ces conditions de traitements.
Outre des entraves, ces jeunes ne peuvent, ni recevoir la visite de leurs avocats, ni même communiquer avec eux, moins encore avec leurs parents. «Les repas présentés par les parents et amis des détenus sont systématiquement rejetés. Toutes les démarches entreprises par le collectif des avocats ont été vaines», révèle le collectif qui fustige la sortie du Procureur de la République de N’Djamena. Une sortie « au mépris de ses prérogatives légales ». Les conseils indiquent que le procureur a avoué son impuissance à gérer la situation de ces détenus, en les renvoyant tantôt « vers le directeur des renseignements généraux », tantôt « vers le ministre de la sécurité publique » avant de faire un rétropédalage en prétendant avoir émis un mandat de perquisitions au domicile du vice-président du Parti « Les Transformateurs », Dr. Ndolembai Djessada. «Nous n’arrivons plus à connaître la couleur du Procureur qui dit une chose et son contraire», dénoncent les avocats qui déplorent la violation des dispositions de l’article 221 et suivants du code de procédure pénale tchadien, qui prévoient le délai de garde à vue à 48 heures.
Le collectif des avocats dénonce par ailleurs le mutisme des autorités de transition sur la situation «inquiétante et alarmante de ces jeunes qui se meurent dans les locaux des renseignements généraux». Ils exigent que ces jeunes soient «purement et simplement relâchés compte tenu du large dépassement du délai légal de garde à vue» et interpellent les partenaires du Tchad à «amener les autorités de transition à respecter leurs engagements pris en faveur de l’Etat de droit».
Stanyslas Asnan