Après une suspension de trois mois, le gouvernement de transition vient d’autoriser de fonctionner les sept partis politiques sanctionnés depuis le 20 octobre 2022, accusés d’avoir organisé les manifestations qui se sont soldées par plusieurs morts. S’achemine-t-on vers une décrispation du climat politique au Tchad ?
C’est officiel ! Depuis le vendredi 20 janvier, à travers un communiqué signé du ministre de l’Administration du territoire, le gouvernement de transition autorise les sept partis politiques accusés d’être les instigateurs des violentes manifestations du 20 octobre dernier, à fonctionner de nouveau. Ce sont entre autres, Les Transformateurs, le Front Populaire pour la Fédération, le parti socialiste sans frontières, Les Patriotes, Al Takhadoum, le Rassemblement pour la Justice et l’égalité des Tchadiens ainsi que le Parti des Démocrates pour le Renouveau. Le gouvernement les invite à reprendre leurs activités, tout en se conformant strictement désormais à la législation en vigueur.
Après trois mois de durcissement, s’achemine-t-on vers une décrispation du climat politique ? On est bien tenté de le croire, quoi que la réaction d’une partie de la classe politique reste mitigée. Pour le leader du parti Les Transformateurs, Succès Masra, toujours en exil, c’est un non-évènement. « (…) Nous sommes concentrés sur l’essentiel et nous ne voulons pas nous attarder sur un non-évènement. », a-t-il confié au micro de nos confrères de RFI.
Le vœu des Tchadiens à l’heure qu’il est le retour à la normale. Pour un observateur averti, depuis les manifestations du 20 octobre qui ont officiellement fait une cinquantaine de morts, on a l’impression qu’on vit dans un Etat d’exception. Hormis le Mouvement Patriotique du Salut, l’ancien parti majoritaire, qui est en tournée nationale et quelques autres sorties timides, il y a un calme plat qui règne au niveau de la vie politique. Un climat de ni guerre, ni paix, en somme. Les opposants sont devenus aphones. Les stigmates des répressions sont restés en mémoire. Personne ne veut s’exposer. De plus, les familles des victimes attendent impatiemment d’être situées par la commission d’enquête internationale sur le sort des leurs, blessés, disparus ou morts. La publication aujourd’hui du rapport de Amnesty International sur ces douloureux événements est très attendu.
La flexibilité des autorités mérite d’être saluée. Toutefois le maintien des poursuites contre lesdits partis pour troubles à l’ordre public et à la sécurité de nature à porter gravement atteinte à la sûreté de l’Etat et au bon fonctionnement des institutions républicaines, laisse un goût d’inachevé.
Est-ce de nature à ramener la sérénité ? Pas si sûr. Une solution politique est la mieux indiquée dans le contexte politique actuel du Tchad. Ne serait-il pas la meilleure façon de traduire dans les faits les conclusions du Dialogue national inclusif et souverain ?
Frédéric Mbaïdedji