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Sahel: la France joue-t-elle son avenir dans ses anciennes colonies ?

Le lundi dernier, des sénateurs français ont dans une lettre ouverte parue dans les colonnes du Figaro et adressée au président Emmanuel Macron, pour dénoncer « l’échec » de l’opération Barkhane, tout en appelant à revoir la politique de la France sur le continent africain. La France joue-t-elle son avenir dans ses anciennes colonies ?

Par ailleurs, certains signataires de la tribune déplorent le fait que le Niger, le Mali, la Centrafrique, le Burkina Faso ont rejeté la France, les forces françaises, les entreprises françaises. « À nos dépens, après l’échec de l’opération Barkhane, voilà les milices Wagner, peu sourcilleuses des droits humains ou de démocratie, mais parfaitement disponibles pour tous les dictateurs ou les dirigeants se maintenant au pouvoir en coalisant leurs populations contre l’ancienne ‘puissance coloniale' », déplorent-ils.

La réplique du ministre des Armées, Sébastien Lecornu est on ne peut plus claire : « Non, on ne peut pas parler ‘d’échec’ quand on regarde aujourd’hui la situation sécuritaire au Mali depuis le retrait des troupes françaises ». Il y a, « bien entendu des leçons à en tirer, comme pour toutes les crises et pour toutes les opérations militaires », s’assume-t-il.

Les préoccupations des sénateurs, malgré le bémol du ministre Lecornu, reposent la problématique du sentiment anti-français, ou du moins du rejet de la politique africaine de la France, très prégnante dans la sous-région ces derniers temps. L’on a coutume d’accuser le groupe russe Wagner d’instrumentaliser des activistes et groupuscules contre les intérêts français. Mais n’est-ce pas trop simpliste ? Le mal n’est-il pas plus profond ? Ne s’achemine-t-on pas vers un éveil de conscience de la jeunesse africaine des pays colonisés par la France ? Ne va-t-on pas vers un nouveau paradigme avec une jeunesse africaine désabusée mais très au fait des réalités actuelles ?

Les sénateurs français n’ont fait qu’amplifier des réalités qui couvent depuis un certain temps sous nos tropiques. A-t-on encore besoin des bases françaises en Afrique ?  Ne faut-il pas redéfinir la coopération avec les pays africains ? Ne faut-il pas arrêter avec cette posture condescendante vis-à-vis de l’Afrique ? C’est à ces questionnements qu’il faut répondre. La roue de l’histoire tourne et il est important d’en décrypter les signes à temps.

Frédéric Mbaïdedji

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