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Revue de presse tchadienne du 23 au 28 janvier 2023

La répression du 20 octobre, le référendum sur la forme de l’Etat et le projet de création des zones économique spéciales dans le Logone occidentale constituent les principales actualités traitées par les journaux tchadiens de la semaine.

La répression du 20 octobre

« Human Rights Watch exige justice et réparation » pour les victimes des manifestations du 20 octobre 2022 réprimées dans le sang, rapporte Alwihda Infos. C’était dans un rapport d’enquête publié le 23 janvier 2023 à Nairobi au Kenya. D’après TchadInfos, des chercheurs de Human Rights Watch ont interrogé 68 victimes, des membres de leurs familles, des témoins et représentants du gouvernement, à N’Djaména et dans quelques provinces du pays. Résultat, la violence exercée à l’encontre des manifestants a été extrême et disproportionnée, car « les forces de sécurité ont tiré à balles réelles sur des manifestants alors que d’autres ont été passés à tabac, pourchassés dans des maisons et arrêtés », renseigne notre confrère. Cela a entraîné des pertes en vies humaines et des détentions arbitraires. Dans sa déclaration faite à Nairobi et rapportée par le journal Le Pays, le directeur pour l’Afrique centrale de Human Rights Watch, Lewis Midge, exige du gouvernement tchadien l’ouverture d’une enquête pénale rapide, indépendante, approfondie et transparente sur ces graves violations des droits humains et traduire les responsables en justice. Aussi, cette organisation internationale de défense des droits de l’homme demande la libération des manifestants emprisonnés à l’issue de procès sommaires inéquitables en décembre dernier, et ceux, maintenus en détention préventive, rapporte notre confrère. Quoiqu’il en soit, écrit l’éditorialiste de N’Djaména Hebdo, l’histoire retiendra que c’est sous le gouvernement de Saleh Kebzabo que l’une des pires répressions des manifestations politiques a été commise dans le pays.

Le référendum sur la forme de l’Etat

« La forfaiture est déjà en marche », signale Abba Garde. Le gouvernement a nommé le 25 janvier 2023 les membres de la Commission Nationale chargée de l’Organisation du Référendum Constitutionnel (CONOREC). Sa composition de soulève de vives critiques dans la classe politique.

La CONOREC est dirigée par le ministre de l’Administration du territoire, Limane Mahamat. « Une telle soumission à l’administration, donc au pouvoir en place, ouvre la voie à une fraude massive et au détournement des choix des citoyens », constatent huit partis politiques de l’opposition dans un communiqué relayé par l’hebdomadaire Le Pays. Il s’agit de : UDR/PSD, ANDR, USND, UDPT , MSDT, UET/V, USND et ADRN. De son côté, rapporte le Journal du Tchad, le Parti des Démocrates pour le Renouveau (PDR), par la voix de son leader Izadine Ahmat Tidjani, regrette que la CONOREC soit composée à majorité des membres du gouvernement et du Conseil National de Transition. Dans les colonnes de ce même journal, Noubatessem Jonathan, secrétaire général du parti Convention pour la démocratie et le fédéralisme (CDF) constate une exclusion notoire des fédéralistes. Or, le référendum constitutionnel, rappelle-t-il, va opposer les partisans d’un Etat unitaire et à ceux de l’Etat fédéral. En principe, ce sont ces deux camps qui doivent se retrouver à part égale dans cette commission.

Au-delà de la composition de la Commission, les huit partis politiques contestataires font également remarquer que cette initiative « viole allègrement les résolutions et recommandations du dialogue national inclusif et souverain, renseigne l’hebdomadaire Le Pays. Il s’agit précisément du cahier des charges de la transition qui prévoit le Cadre de concertation des partis politiques et l’Organe de gestion des élections chargés de gérer les élections, rappelle le secrétaire général du parti CDF dans les colonnes du Journal du Tchad.

Le projet de création des zones économique spéciales dans le Logone occidentale

Djiha foncier dans le Logone occidental : Le nouveau lion du Sud sort ses griffes, annonce l’hebdomadaire Abba Garde. Notre confrère fait ici allusion à l’évêque de Moundou, Mgr Kouraleyo Joachim qui s’oppose au projet de l’implantation des zones économique spéciales par l’État tchadien et son partenaire Arise dans le Logone occidentale. Des paysans des cantons kana, Krim-Krim, Déli, Kaga et Gari, qui verront leurs terres arrachées, soit environ 3500 hectares, rejettent aussi le projet, informe le quotidien Le Progrès. D’après la revue Tchad et Culture, la plate-forme de la société civile a organisé le 21 janvier 2023 une journée de sensibilisation des forces vives de la Province à la mairie de Moundou sur le bien-fondé du projet. Excédé par la mauvaise foi des organisateurs, employés dans cette campagne de manipulation de l’opinion, l’Évêque de Moundou a déchiré la liste de présence fabriquée pour légitimer le mensonge, informe Abba Garde. Ainsi, la séance finit en queue de poisson, ironise Tchad et Culture. Mais le journal Le Pays se demande : « comment comprendre que sur le même territoire, dans l’extrême nord du pays, le même gouvernement accepte de négocier avec une partie de ses populations qui ont décidé de prendre les armes pour s’opposer à l’exploitation de l’or sur leurs terres, créer des semblant de société civile pour valider un projet d’accaparement de terres aux résultats plus qu’incertains ? Comme l’évêque de Moundou, le Logone doit résister », lance notre confrère.

Alphonse Dokalyo

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Alphonse DOKALYO

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