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Revue de presse tchadienne du 21 au 25 novembre 2022

La répression des manifestations du 20 octobre, l’attaque terroriste au Lac Tchad et l’insécurité alimentaire ont constitué l’ossature des actualités traitées par les journaux tchadiens de la semaine.

La répression des manifestations du 20 octobre

« Dérives dictatoriales », constate à sa Une l’hebdomadaire N’Djaména Hebdo. Un mois après la répression de la manifestation du 20 octobre, la chasse à l’homme se poursuit. Ainsi, pour avoir dénoncé les massacres des manifestants ngambaye, le président du Conseil de sages de l’association pour la promotion de la culture ngambaye (Aprodec-Ngambaye), Djédouboum Ngardinguimbaye, par ailleurs conseiller à la Cour suprême, est recherchée par des hommes inconnus, informe l’hebdomadaire. Aussi, le 18 novembre dernier, le directeur de la police nationale Hissein Doudoua Hamid a embarqué quatre jeunes présumés militants du parti Les Transformateurs dans une concession au quartier Walia avec des sacs de machettes et lance-pierres, rapporte notre confrère qui voit en ces arrestations une mise en scène. Car, l’un des jeunes suspects présentés, n’est autre qu’un agent des renseignements surnommé Wal Poulo, bien connus du public.

Dans le même sillage, informe N’Djaména Hebdo,  les libertés d’association sont étranglées. Le gouvernement a suspendu certains partis politiques et organisations de la société civile et il leur interdit tout regroupement ou coalition. L’objectif est d’anéantir  toute opposition, analyse notre confrère. Au même moment, révèle Abba Garde, le président de la transition Mahamat Idriss Déby Itno et son premier ministre Saleh Kebzabo se rejettent la responsabilité de la répression des manifestants. « Tous les discours présidentiels tendent à vouloir faire porter le chapeau des crimes commis au Premier ministre de transition qui, à son tour se défend mal », soutient le journal.

Une plainte liée notamment aux évènements meurtriers du 20 octobre 2022 survenus au Tchad a été déposée par deux avocats français, au nom du parti Les Transformateurs, à la Cour Pénale Internationale (CPI), rappelle Alwihda Info. A ce sujet, annonce notre confrère, le ministre tchadien de la Justice, Mahamat Ahmat Alhabo a rencontré successivement le 23 novembre dernier, le procureur, Karim Khan et le greffier Peter Lewis de la CPI au siège de la Cour à La Haye. Dans cette perspective, l’Association Libre Afrique, lors d’un point de presse, demande justice pour son secrétaire général Narcisse Oredjé, par ailleurs journaliste à la Radio-CEFOD, froidement assassiné par balle à son domicile, rapporte N’Djaména Hebdo. De son côté, le journal La voix fait savoir que les professions libérales judiciaires ont mis en place une cellule d’écoute, de conseil juridiques et d’assistance aux fins d’accompagner les victimes des événements du 20 octobre.

L’attaque terroriste au Lac Tchad

« Une dizaine de soldats tués par Boko Haram », informe Le Progrès. Selon  le quotidien qui relaie ainsi le communiqué du gouvernement rendu public le 22 novembre, une unité des forces de défense et de sécurité, dépêchée en précurseur pour installer le poste avancé de l’armée nationale dans l’ile de Bouka-Toullorom, a été prise à partie par les éléments de Boko Haram faisant des morts et des blessés. Cette attaque intervient deux ans après la mémorable attaque de Boko Haram dans la localité de Boma et dix jours après une visite du Président de Transition Mahamat Idriss Deby Itno, dans la zone de Baga-Sola pour réorganiser le dispositif, rappelle la revue Tchad et Culture. Cette énième incursion surprise vient confirmer la présence encore active de la nébuleuse Boko Haram dans le Bassin du Lac Tchad démontrant ainsi qu’on a trop vite fait de l’enterrer, commente la revue. Cette attaque terroriste a été condamnée énergiquement par l’Organisation de Coopération Islamique (OCI) qui réitère son soutien au Tchad dans sa lutte contre le terrorisme, informe Alwihda Info.

L’insécurité alimentaire

« Que manque-t-il au Tchad pour relever le défi ? », s’interroge l’éditorialiste de Tchad et Culture qui a publié un numéro spécial sur l’insécurité alimentaire au Tchad. Depuis le mois de juillet 2022, rappelle notre confrère, le Tchad est en état d’insécurité alimentaire. Cette situation résulte des échecs des politiques agricoles, explique l’ancien ministre du Développement agricole, Oumar Ibn Daoud dans l’interview accordée à la revue. Pourtant, le Tchad a tout pour inverser la tendance. Le Pays dispose 39 millions d’hectares cultivables et compte un cheptel estimé, à environ 90 millions de tête de bétail, rétorque l’éditorialiste de Tchad et Culture.

Du coup, la population, ayant un faible pouvoir d’achat, éprouve de difficultés pour s’alimenter correctement à cause aussi de la flambée des prix des denrées alimentaires. « L’heure est grave, nous tirons le diable par la queue. Le litre d’huile coûte 1500 FCFA et le coro de maïs coûte 850 FCFA, où allons-nous ? Avant la transition, l’huile coûtait 600 FCFA le litre et le maïs 550 à 650 FCFA mais aujourd’hui, le pauvre n’a pas le droit de manger. Les commerçants augmentent les prix des denrées alimentaires sans aucun prétexte et ce, sous le regard de nos gouvernants», s’alarme ​Dingamnayal Nely Versinis, président du Collectif tchadien contre la vie chère, interrogé par Alwihda Info. Conséquence, « la malnutrition infantile gagne du terrain au Tchad », révèle le journal Le Pays. D’après une enquête menée par le ministère de la santé publique et le fonds des nations unies pour l’enfance (Unicef), la malnutrition infantile a atteint en 2021 le seuil préoccupant de 10%, rapporte notre confrère.

Alphonse Dokalyo

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Frédéric Mbaidedji

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