N Djamena
La mise en place des organes de gestion des élections à venir et le voyage du président de la République Mahamat Idriss Déby Itno à Moscou ont été les principaux sujets abordés par la presse tchadienne.
La mise en place des organes de gestion des élections
« L’Etat balise le terrain pour les élections », annonce le quotidien Le Progrès. Après avoir promulgué le 29 janvier 2024 deux lois portant respectivement la mise en place de l’Agence Nationale de Gestion des Elections (ANGE) et le Conseil constitutionnel, le président de la République a désigné en même temps les personnes en charge de leur gestion, conformément aux critères de nomination définis par ces textes de loi
Ainsi, sur quinze (15) commissaires nommés membres de l’ANGE, 08 sont proposés par le chef de l’Etat lui-même et 07, par le président du Conseil National de Transition (CNT) qui assure aussi le rôle du président du Sénat, éclaire la revue Tchad et Culture. Et « l’ancien président de la Cour suprême Ahmed Bartchiret est désigné président de l’ANGE », complète le journal Le Pays. Etant donné que le président du CNT a été nommé, au finish, c’est le Président de Transition qui désigne tous les membres de l’ANGE, constate N’Djaména Hebdo. Aussi, 09 personnalités, parmi lesquelles figure Jean-Bernard Padaré, ancien Porte-parole du Mouvement Patriotique du Salut (MPS), ancien parti au pouvoir, sont nommés par ce dernier au Conseil constitutionnel, informe TchadInfos.
En considération de leur composition, le journal Le Visionnaire affirme que l’ANGE et le Conseil constitutionnel constituent un couple Lucifer. De son côté, la revue Tchad et Culture assimile carrément l’ANGE à la Commission nationale chargée de l’organisation du référendum constitutionnel (CONOREC). Ainsi, « La conorec était une structure diabolique mais le génie du cynisme politique tchadien a fait qu’une diablesse mette au monde un ange », ironise le Conseiller Béral Mbaïkoubou cité par la revue. Ce fils de démon est surnommé « L’Ange-démon » par N’Djaména Hebdo qui doute de son impartialité, en tant qu’organe indépendant.
Dans la même lancée, Yaya Dillo dénonce la composition du Conseil constitutionnel. D’après le président du parti socialiste sans frontière (PSF), la désignation des personnages serviteurs du régime au Conseil constitutionnel est le début du couronnement des mascarades électorales à venir », rapporte le journal TchadInfos. Partageant le même avis, le président du parti Les Démocrates Avocksouna Atchénemou Djona estime que la présence au sein des organes de gestion des élections, des acteurs politiques tels que les maîtres Bartchiret et Padaré impliqués dans les « manipulations présumées » des élections, depuis des décennies, inspire une méfiance profonde envers l’intégrité du processus, rapporte notre confrère. De même, la désignation des membres de l’ANGE par le chef de l’Etat n’est pas de nature à garantir l’indépendance et l’impartialité de cette structure, d’autant plus que ce dernier sera candidat à la prochaine élection, renforce Le Pays qui cite ainsi le communiqué de presse de la Mission d’Observation Electorale de l’Alliance Citoyenne pour les Elections au Tchad (MOET-Acet).
Le voyage de Mahamat Idriss Déby Itno en Russie
Du 23 au 24 janvier 2024, le Président de Transition Mahamat Idriss Déby Itno a séjourné à Moscou. D’après le chef de l’Etat, « cette visite s’inscrit dans la logique de renforcement de la coopération entre les deux pays. Car, selon lui, le Tchad est un pays libre, fier et souverain qui croit et œuvre à la consolidation de toute coopération respectueuse de la souveraineté des Etats et mutuellement bénéfique », rapporte Le Visionnaire. Selon l’hebdomadaire Abba Garde, qui cite les services de renseignement américains, « des communications jugées dangereuses entre des membres de l’entourage du président tchadien et des hauts officiers du groupe Wagner ont été interceptées et transmises à l’Ambassade de France au Tchad ». Du coup, « une peur bleue s’empare de Paris », annonce le journal Le Visionnaire à sa Une. Le voyage de Mahamat Kaka en Russie est donc un double poignard dans le dos de la France, renchérit Abba Garde. « A cause du soutien apporté à son coup d’Etat institutionnel, la France a perdu la face dans tous les pays du Sahel. C’est au moment où elle scrute des moyens pouvant lui ouvrir la voie au repositionnement que Kaka va se jeter, avec arrogance, dans les bras de Poutine. Il s’est montré comme son soutien moral dans la guerre contre l’Ukraine en allant s’incliner devant le mémorial des soldats russes tués sur les théâtres des combats », analyse l’hebdomadaire.
Mais le Tchad peut-il se défaire de la France ? », se demande Le Visionnaire. C’est un « choix suicidaire », répond le journal Abba Garde. Dans tous les cas, le Groupe de Concertation des Acteurs Politiques (GCAP), un regroupement de 13 partis politiques, dit non à l’ingérence extérieure au Tchad. Le GCAP appelle la France à laisser le Tchad aux Tchadiens, renseigne Le Visionnaire. « Le Tchad, Etat indépendant et souverain depuis le 11 août 1960 n’en est pas un. La France s’accapare de tout et dicte tout au point de communiquer comment nos dirigeants doivent être choisis, comment ceux-ci doivent se comporter, agir et parler », dénonce le GCAP dans sa déclaration rendue public le 22 janvier 2024 et rapportée par notre confrère.
Alphonse Dokalyo
