Le 24 mars 2024, le Conseil constitutionnel va publier la liste définitive des candidats à la présidentielle du 06 mai prochain. La plupart des journaux tchadiens parus dans la semaine se livrent à des analyses sur le sort des candidats en course.
En attendant le verdict, « plusieurs lièvres dans le starting-block », révèle le journal La Voix. N’Djaména hebdo et le journal Le Pays publient chacun, à leur Une, 20 photos des candidats sur la ligne de départ. Parmi ceux-ci, Le Pays identifie deux poids lourds, Mahamat Idriss Déby et Succès Masra. Le Citoyen, quant à lui, considère le tandem Mahamat-Masra comme « du sang neuf dans le profil des candidats ». Car, d’après ce journal, « les vieux caïmans du marigot politique ont désisté s’ils ne soutiennent pas la candidature de l’homme providentiel ». Mais La Voix signale que « Masra comme les autres candidats ne sont que des accompagnateurs ; car, d’après notre confrère qui rapporte ainsi les propos de certains observateurs, « le jeu est cerné et contrôlé par le président de transition ». D’ailleurs, renchérit La Voix qui cite également l’ancien Premier ministre Pahimi Padacké Albert, « il y a une entente sécrète entre le tandem Mahamat-Masra pour la légitimation et la conservation du pouvoir ».
Ces propos n’étonnent pas l’éditorialiste du journal Le Pays qui affirme sans ambages qu’après l’accord de Kinshasa, Succès Masra cristallise des critiques de tout genre. Ainsi, « augmentation du prix du carburant : Masra ! Crise énergétique : Masra ; embouteillage sur le pont : Masra. Comme si d’un coup de balai les difficultés insolubles des lustres devraient l’être avec l’arrivée du chef des Transformateurs aux affaires », s’enflamme Le Pays. « Et si la candidature de Masra est un bluff ? », se demande l’éditorialiste de N’Djaména hebdo qui reste dubitatif quant au rejet de sa candidature. « Nous ne sommes pas dans les secrets des dieux, mais il s’agit d’une éventualité à ne pas négliger », alerte l’hebdomadaire.
Mais « si la candidature des Transformateurs est dans les starting-blocks, la présidentielle du 6 mai ne sera pas une balade de santé pour le président de transition qui devra sortir la machine à fraude pour s’adjuger une victoire au premier tour », s’exclame l’éditorialiste du même journal.
En attendant cette bataille électorale qui s’annonce âpre, nos confrères signalent déjà des tentatives d’invalidation de certaines candidatures gênantes orchestrées par des artisans des coups tordus du régime au pouvoir. Au rang desquelles, d’après l’hebdomadaire Abba Garde, se trouvent les candidatures de « Ahmat Hassaballah Soubiane, Nassour Ibrahim Koursami et Younous Abdérahim Ali ». « Dans le secret de leur disqualification », avance notre confrère, ces trois personnalités ont une forte assise sociale et bénéficient des soutiens multiformes, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Dans la même foulée, le Groupe de concertation des acteurs politiques (Gcap), dénonce dans les colonnes du journal Alwihda Info, des manœuvres visant à invalider sa candidature, en l’occurrence celle du Dr Nassour Ibrahim Koursami. « Il ne faut pas allumer le feu là où il n’y en a pas. Nous avertissons qu’après avoir tué Yaya Dillo et rasé le siège du Parti socialiste sans frontière (Psf), maintenant, ils auront à tuer 10 autres chefs de partis politique », avertit Max Kemkoy, l’un des leaders du Gcap, dont les propos sont rapportés par le journal Le Pays.
Dans ce climat tendu, Abba Garde conseille la voix de la raison. Sans quoi, l’on risque de créer, involontairement, des velléités putschistes, alerte notre confrère. Selon L’Observateur, « des informations qui filtrent font savoir que certains éléments des garnisons du Kanem et du Lac auraient disparu dans la nature avec armes et bagages. Tout le monde se souvient, c’est le jour de l’élection présidentielle de 2021, que le Front pour l’Alternance et la Concorde nationale au Tchad (FACT) a lancé son offensive à partir du Kanem. Cette opération a coûté la vie au président Idriss Déby Itno », rappelle le journal. Alors va-t-on « vers la réédition de 2021 ? », s’interroge notre confrère. Dans tous les cas, suggère L’Observateur « il faut prendre au sérieux ce qui se trame ».
Alphonse Dokalyo