Les autorités de la République démocratique du Congo accusent le Rwanda de soutenir les rebelles du M23. Elles ont décidé samedi dernier d’expulser l’ambassadeur du Rwanda à Kinshasa.
Selon l’adage les hommes font l’histoire, mais subissent la géographie, Congolais et Rwandais subissent la géographie. Ils sont condamnés à vivre ensemble parce qu’ils sont voisins. Ils écrivent également leur histoire commune. Mais quelle histoire alors ! Ils sont toujours en palabre. Et ce, depuis la chute du régime de Laurent Désiré Kabila. La naissance des deux rébellions que sont les Forces démocratiques de libération du Rwanda -FDLR- et le Mouvement du 23 juin- M23- sont à l’origine des crises militaires récentes entre les deux pays. La Rdc accuse le Rwanda de parrainer le M23 ; le Rwanda reproche, lui, à la RDC d’héberger les rebelles du FDLR qui veulent déstabiliser le pouvoir de Kagamé. C’est sur fond de ces accusations réciproques que les tensions diplomatiques montent au gré des tensions militaires sur le terrain.
Le dernier épisode qui a conduit à l’expulsion du diplomate Rwanda en poste à Kinshasa est l’offensive, subite et inexpliquée, des rebelles du M23. En quelques jours, ils ont pris quelques villes congolaises. Impuissantes devant cette offensive, les autorités congolaises ont opté pour une réaction diplomatique qui, pour l’instant, ne porte pas ses fruits. Puisque malgré l’expulsion de l’ambassadeur rwandais, les rebelles du M23 qui auraient reçu un renfort des troupes de l’armée rwandaise, progressent rapidement sur le terrain.
Comme toujours, la communauté internationale condamne avec la dernière énergie ce regain de tension, à la fois militaire et diplomatique, entre les deux voisins. L’ONU et l’Union africaine n’iront pas plus loin que ces condamnations de principe. Du cynisme ou de l’impuissance à régler définitivement ce conflit récurrent ? A quoi servent tous ces envoyés spéciaux ou émissaires de l’ONU ou de l’UA pour la région des Grands-Lacs payés à coup de millions de dollars, s’ils ne sont pas capables d’aider les deux pays à vivre dans la paix pour le bien-être des populations ? Il y a beaucoup de mystères qui entourent ce qui se passe à l’Est de la RDC. La seule vérité que nous ayons, nous, simples observateurs ou victimes, ce sont ces milliers de morts, de blessés ou de déplacés qui fuient les combats.
Au demeurant, les pontes du régime de Mobutu n’ont-ils pas raison d’être nostalgiques de ce qu’ils considèrent la belle époque ? Jamais à l’époque du Maréchal Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Za Banga les congolais n’étaient contraints de quitter leurs localités en masse comme ils sont contraints aujourd’hui pour avoir la vie sauve.
Pierre Boubane