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Rapport Mo Ibrahim 2018 : Une gouvernance mi-figue mi-raisin en zone CEMAC

La Fondation Mo Ibrahim a publié son rapport sur l’Indice Ibrahim de la gouvernance africaine (IIAG) le 29 octobre 2018. Le constat général est que malgré une progression très lente, « la gouvernance globale en Afrique maintient sa tendance à l’amélioration. » Le constat général est que les pays de la CEMAC stagnent en matière de bonne gouvernance.

L’indice Ibrahim de la gouvernance africaine (IIAG) tend à devenir une référence en matière d’évaluation annuelle de la performance des Etats africains en matière de bonne gouvernance. Selon la Fondation Mo Ibrahim, la gouvernance s’entend comme « l’accès à des biens et à des services publics, dans les domaines politique, social et économique auxquels chaque citoyen peut légitimement prétendre auprès de son État et que tout État est tenu d’offrir à ses concitoyens. » Cet indice de gouvernance évalue la performance de chaque pays dans les quatre domaines suivants : Sécurité et État de droit, Participation et Droits humains, Développement économique durable, Développement humain.  Chaque domaine est ensuite décliné en sous-catégories qui sont, elles aussi, décomposées en indicateurs.

Une évolution globale lente et positive

D’après le rapport 2018, le continent, dans son ensemble, fait un score moyen de 49.9/100 en 2017 contre 49,7 en 2016, soit une légère amélioration.  Pour ce qui est de l’appréciation générale, le rapport relève que « la Gouvernance globale en Afrique maintient sa tendance à l’amélioration. En 2017, le continent a réalisé en matière de gouvernance globale son score le plus élevé des dix dernières années (2008-2017), 49,9 sur 100,0, soit une amélioration de +1,0 point par rapport à 2008. Trente-quatre pays, réunissant environ trois Africains sur quatre (71,6 %), ont amélioré leur gouvernance au cours de ces dix dernières années. Par contre, au moins un Africain sur quatre (27,2 %) a subi un déclin de la gouvernance dans les 18 pays dont la performance s’est dégradée au cours des dix dernières années. »

Cette moyenne générale de 49,9/100 se décline comme suit dans les quatre catégories principales de l’indice : Sécurité et État de droit (52,6) ; Participation et Droits humains (49,2) ; Développement économique durable (44,8) ; Développement humain (52,8).

Le score le plus élevé concerne la sécurité et l’Etat de droit tandis que la plus basse relève du développement économique durable. Les cinq premiers en matière de gouvernance en Afrique sont : l’île Maurice (79,5), les Seychelles (73,2), le Cap Vert (71,1), la Namibie (68,6), le Botswana (68,5) ; les cinq derniers sont : RCA (29,5), l’Érythrée (29,3), la Libye (28,3), le Soudan du Sud (19,3), la Somalie (13,6). Dans le classement 2018, la plus forte progression est celle de la Côte d’Ivoire et la plus forte baisse celle de la Libye qui chute à la 52ème place.

Une performance disparate et stagnante

Pour une meilleure appréciation de la performance des pays de la CEMAC, le tableau comparatif ci-dessous est assez suggestif. Ce tableau appelle au moins deux constats. Le premier est que tous les pays de la CEMAC se situent dans la tranche des vingt derniers dont trois parmi les dix derniers : le Tchad, la Guinée équatoriale et la RCA.

La RCA est classée parmi les cinq derniers. Le second constat est que, pris individuellement, de 2016 à 2017, il n’y a que le Gabon qui a fait une chute libre, en passant de la 23ème position en 2016 à la 41ème position en 2017. Le Cameroun gagne une place passant de la 37e à la 36e place. Le Tchad aussi gagne une place. La Guinée équatoriale en perd les deux, dégringolant de la 46e à la 48e place.  La RCA, classée parmi les cinq derniers, deux années consécutives, gagne cependant une place malgré la légère baisse de son score en 2017. Le constat général est que les pays de la CEMAC stagnent en matière de bonne gouvernance. En 2017, le Tchad est classé 46e sur 54 pays, donc parmi les dix derniers, en matière de bonne gouvernance.  Son score qui est de 35,4/100 se décline comme le montre le tableau 2.

Un score à améliorer

Les chiffres montrent que le Tchad n’obtient la moyenne dans aucune catégorie. Son meilleur score (41,6) concerne la sécurité et l’Etat de droit tandis que son plus mauvais score (31,2) porte sur la participation politique et le respect des droits humains. En fouinant davantage dans les sous-catégories, les domaines où le Tchad est classé presque parmi les derniers sont les suivants : l’absence de corruption (54e), l’absence de mortalité infantile (53e) ; l’indépendance du judiciaire, la diversification des exportations (52e).  Ce sont des indicateurs qui donnent une idée des efforts qui restent à faire pour que le Tchad puisse relever les défis de la bonne gouvernance, lesquels se recoupent avec les Objectifs du Développement Durable (ODD), et le Plan National du Développement du Tchad (2017-2021) dont l’axe deux est « Le renforcement de la bonne gouvernance et de l’état de droit ».  Il s’agit là d’une responsabilité collective qui engage aussi bien les acteurs étatiques que non-étatiques.

Ludovic Lado

TC 371, novembre 2018

 

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Par : Boutros

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