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Nécrologie. Benoît XVI et l’Afrique

Le pape François a présidé ce jeudi 5 janvier Place Saint-Pierre les obsèques du pape émérite Benoît XVI, décédé le 31 décembre à l’âge de 95 ans. Benoît XVI et l’Afrique : que retenir ?

Eh bien ! d’abord ses deux voyages sur le continent. Il a fait l’Angola et le Cameroun du 17 au 23 mars 2009 et le Bénin novembre 2011. On retiendra aussi l’un des synodes sur l’Afrique qui a donné naissance à l’exhortation apostolique Africae Munus publiée à Ouidah, au Bénin, à l’occasion de sa visite le 19 novembre 2011. Dans Africae Munus, feu Benoît XVI considère le continent noir comme « le poumon spirituel pour une humanité qui semble en crise de foi et d’espérance ». Il amorce une réflexion en deux grandes parties. Dans la première, il souligne l’aspiration de l’Afrique à la justice et à la paix et évoque les voies privilégiées pour y parvenir. Dans la seconde partie, Benoît XVI propose un guide pastoral, pour les prochaines décennies. Pour ce faire, il s’adresse à tous les membres de l’Église selon leur spécificité : évêques, prêtres, consacrés et laïcs.  « Chers fils et filles de l’Église, et vous en particulier chers fidèles d’Afrique, l’amour de Dieu vous a comblés de toutes sortes de bénédictions et il vous a rendus capables d’agir comme le sel de la terre », lit-on dans le document. Le pape Benoît XVI aimait l’Afrique. Il a toujours considéré que l’avenir de la foi catholique se trouvait en Afrique, en raison de la ferveur qui règne pendant les célébrations eucharistiques dans les paroisses.

Globalement, les catholiques africains estimaient Benoît XVI. Il fait partie des théologiens dits, traditionnalistes un peu mal à l’aise avec un progrès de l’humanité qui permet une certaine liberté, surtout dans le domaine moral. L’Eglise catholique n’est pas obligée de suivre l’évolution du monde soumis au diktat du capitalisme qui a tendance à chosifier l’humain. Son enseignement théologique a suscité par endroit en Afrique quelques inquiétudes. Des catholiques africains trouvaient Benoît rigoriste.

Dans le clergé africain, Benoît XVI a compté des fidèles disciples parmi lesquels le Cardinal Guinéen Robert Sarah. Depuis l’annonce de la mort de Benoît, le Cardinal Sarah lui a rendu hommage via les plateformes numériques en publiant des extraits des discours de l’illustre disparu comme celui-ci qui date de 2007 : « Allez à contre-courant, n’écoutez pas les voix qui sont nombreuses à faire la propagande de modèles de vie fondés sur l’arrogance et la violence, le succès à tout prix, l’apparence et les possessions matérielles. ».

Parmi les hommages rendus au prédécesseur de François, l’on peut relayer également celui de l’archevêque de N’Djaména, Monseigneur Edmond Djitangar Goetbe qui salue les qualités spirituelles, intellectuelles et humaines de Benoît XVI. Sur la page Facebook de l’Archidiocèse de N’Djaména, Mgr Djitangar écrit que « C’est un pape qui écoutait beaucoup. Dans la rencontre en tête-à-tête lors des visites ad limina, c’est toujours le Protocole qui rappelait la fin de l’entretien, car il n’interrompait jamais l’interlocuteur pour le congédier ».

Chez nombre d’Africains, Benoît XVI a été un père spirituel qui a su garder l’unité de l’Eglise. Aussi, si beaucoup de catholiques africains ont fini par digérer la déception après sa renonciation en 2013, d’autres lui ont reproché jusqu’à sa mort cette décision.

Pierre Boubane

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Par : Boutros

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