Depuis le 22 janvier 2023, la presse camerounaise est en émoi suite à la tragique disparition du journaliste Martinez Zogo enlevé et retrouvé mort quelques jours plus tard. Ce crime peut-il laisser indifférent tout homme épris de liberté et de justice ?
Sidération, consternation et choc! Ces mots à eux seuls résument les sentiments des parents de feu Martinez Zogo, de ses confrères aussi bien du Cameroun que de la famille de la presse de par le monde.
Enlevé le 18 janvier à Yaoundé par des inconnus, le corps du journaliste et directeur de la radio Amplitude FM a été découvert ce dimanche 22 janvier au quartier Ebogo 3 dans l’arrondissement de Soa, une banlieue de la capitale.
La nouvelle a suscité une vague d’indignation. Le ministère de la Communication a condamné « avec la plus grande fermeté cette attaque dirigée contre un homme des médias ». Levée de bouclier des corporations des médias du Cameroun qui entendent mener des actions d’envergure pour que justice soit rendue. Le Syndicat national des journalistes du Cameroun a appelé les travailleurs de médias à s’habiller en noir mercredi prochain pour marquer le deuil.
Il convient de préciser qu’au moment de son enlèvement, le journaliste, cet habitué de révélations fracassantes sur les questions de gouvernance, travaillait sur des sujets sensibles liés à des scandales financiers. Feu Martinez Zogo était passionné par son boulot et aimait mener des investigations sur les détournements de fonds et autres enrichissements sans cause. Un secteur risqué quand on sait que ses révélations mettaient en jeu les intérêts parfois mafieux des gens.
Ce crime commis et le mode opératoire font froid au dos. Il repose la question du métier de journaliste et des risques auxquels sont exposés les professionnels des médias. Ces risques sont présents partout dans le monde mais le sont davantage dans les pays où la démocratie est chancelante. Les cas de Anna Politkovskaïa, Norbert Zongo, ou plus proche de nous, Noubadoum Soutina et Oredjé Narcisse, tragiquement arrachés à notre affection, sont là pour nous le rappeler.
Charge pour les autorités camerounaises de tout faire pour que les auteurs de ce crime soient appréhendés et jugés. On peut beau casser des plumes et fermer des micros ou briser des vies, mais on ne pourra jamais étouffer la vérité.
Repose en paix, soldat du micro !
Frédéric Mbaïdedji