Face à la délégation gouvernementale commise pour parcourir les villes secouées par les manifestations du 2022, Mgr Joachim Kouraleyo Tarounga, a clairement fait porter la responsabilité des morts au gouvernement lui-même.
Lors de la rencontre avec les corporations au gouvernorat ce 29 octobre 2022, l’évêque de Moundou, Mgr Joachim Kouraleyo Tarounga, s’est d’emblée excusé de ne pas pouvoir utiliser « la langue de bois » à laquelle sont généralement habituées les autorités. Et qu’il parlera « au nom de l’Evangile ».
Rappelant le contexte de la manifestation et son bilan macabre, Mgr Joachim fait constater que le mal est produit et qu’il a « éclaboussé » les auteurs « par de nombreuses victimes : des morts et des blessés ainsi que des dégâts matériels ». Pour lui, on ne peut pas, « en toute honnêteté intellectuelle, soutenir l’équation manifester = mourir d’armes létales tirées par des Forces de Défense et de Sécurité ». Par conséquent, l’Etat cherche à couvrir sa responsabilité en procédant à tout ce « ballet diplomatique » dont cette mission menée par cette délégation gouvernementale.
Au fur et à mesure de son allocution, Mgr Joachim Kouraleyo Tarounga laisse éclater sa colère à l’endroit de la délégation, constituée de l’ancien Maire de la ville de Moundou, le Ministre d’Etat, ministre de la Production et de la Transformation agricole, M. Laoukein Kourayo Médard et de son collègue, Djérassem Le Bémadjiel, ministre des Hydrocarbures et de l’Energie, tous deux ressortissants du terroir : « Vous dites que ce sont les enfants qui se sont laissés manipuler. Mais vous aussi, vous êtes en train d’être manipulés et instrumentalisés pour couvrir le massacre de vos enfants. Et vous avez accepté d’emboucher le clairon et le cor de la propagande pour couvrir la vérité du crime. Vous avez reçu la mission de venir dire aux gens d’accepter de vivre ensemble. Voilà une manœuvre de diversion. Ce 20 octobre 2022, il n’y a pas eu de conflits intercommunautaires. Les gens ne se sont pas battus entre eux, du moins pour la ville de Moundou à ce que je sache. Ce ne sont pas les Musulmans et Chrétiens qui se sont battus. Ce ne sont pas les Nordistes et les Sudistes qui se sont battus pour que vous veniez les séparer et leur prêcher la paix, la cohabitation pacifique et la réconciliation.
La vérité des événement du du 20 octobre, c’est que des citoyens ont manifesté leur mécontentement face aux injustices et face à la volonté de la conservation du pouvoir et on a tiré sur eux pour les tuer. Donc, s’il y a des gens à sensibiliser, c’est vous-mêmes comme gouvernement. Ensuite et surtout les forces de l’ordre et de sécurité. Ne venez pas incriminer et culpabiliser les victimes et tourner le couteau dans les plaies béantes et saignantes des blessés et des coeurs des famille des victimes.
Si vous voulez montrer que vous avez encore un peu de dignité, démissionnez. Démissionnez de ce gouvernement parce que ce qu’il s’est passé, tout le monde le sait, tout le monde a vu. Manifester ne peut pas amener la mort. Maintenant sonne l’heure de l’épreuve de la vérité, c’est le moment de montrer votre patriotisme, c’est le moment de choisir votre camp, celui du peuple ou celui du bourreau », a-t-il lâché, profondément affligé.
Nestor H. Malo