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L’interventionnisme, ce qu’il faut corriger

A partir de ce mardi 20 septembre, les dirigeants du monde entier convergent vers New-York, où se tient la 77e Assemblée générale des Nations-Unies. Comme chaque année, ils évoqueront les grands sujets du moment. 

Au fil des dernières décennies, des interventions militaires internationales ont été entreprises par des États contre d’autres. Des opérations menées au mépris du droit international dont l’ONU est le garant. Ces initiatives souvent unilatérales ont installé la méfiance entre des chefs d’États. Surtout, elles ont encouragé d’autres aventures militaires comme l’Opération Tempête décisivelancée en 2015 au Yémen par l’Arabie saoudite à la tête d’une coalition arabe, ou encore l’offensive russe en Ukraine, lancée en février 2022. Le diplomate français Hubert Védrine, ancien ministre français des Affaires Etrangères estime dans un article intitulé « Repenser l’interventionnisme » que le droit à « l’ingérence » légale reste nécessaire. Il faut juste le repenser. Une réflexion que nous partageons entièrement. Une intervention internationale légale et légitime vise deux objectifs : celui de sauver des vies (objectif humanitaire) et celui de secourir des nations en danger d’occupation (défense de la souveraineté des États). Comment ne pas soutenir une mission dont le but est de sauver des vies ou de défendre son territoire ?

Chaque fois que la coopération militaire internationale a été multilatérale dans le cadre légal en faveur d’une cause internationale, le résultat a été positif. Lorsque la coalition conduite par les États-Unis intervient en 1991, elle réussit à expulser l’Irak du Koweït et rétablir la souveraineté du pays et l’émir sur son trône, note le diplomate français. « L’intervention au Kosovo en 1999 a mis fin aux exactions serbes, ajoute-il. Cependant, chaque fois qu’une intervention internationale a manqué de consensus et a été l’œuvre d’une seule nation contre une autre, et surtout lorsqu’elle a été menée au mépris du cadre légal, le résultat a très souvent été contre-productif. Ceci dit, l’unilatéralisme est l’une des limites des interventions internationales, en ce que les objectifs poursuivis, souvent économique ou géostratégiques, ne répondent pas toujours aux critères du droit international. Ce fut le cas de la guerre lancée contre l’Irak en 2003. Le comportement des Américains qui ont ignoré les mises en garde de l’ONU ont fini par installer la méfiance entre les nations et isoler l’ONU. L’initiative américaine a surtout donné libre court à toute sorte d’aventures militaires où les pays définissent leur logique d’intervention. C’est dans cette logique que Poutine a lancé son opération spéciale en Ukraine. De telles initiatives unilatérales ont affaibli, voire discrédité l’ONU. La conséquence est que l’unité et la coopération entre les États, sous l’égide de l’ONU ou des instances régionales, comme la ligue arabe ou l’Union africaine (UA) pour défendre la paix, ont été mises à rude épreuves.

Nous vivons un tournant de rupture. Nous assistons au réveil des peuples des pays émergents qui ne veulent plus être sous le joug de l’Occident. Nous assistons à l’émergence des sociétés civiles même en Occident qui, de plus en plus, demandent des comptes à leurs dirigeants lorsqu’ils veulent s’aventurer dans des expéditions internationales. Le poids de l’histoire (évoquer Hitler, le communisme, la dictature, le terrorisme) ne suffit plus pour justifier une intervention. Au vu de ce qui se passe dans le monde, il est indéniable de repenser l’interventionnisme international, en repensant le modèle de coopération multilatérale à la lumière de l’expérience acquise.

Pierre Boubane

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Par : Boutros

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