Réunis en Assemblée générale du 4 au 10 juillet 2022 de la Rencontre Sacerdotale et Religieuse des Africains au Tchad (Restrat), les prêtres, religieux et religieuses se sont penchés sur la situation socio-économique et politique du Tchad.
De prime abord, les pasteurs africains de l’Eglise catholique au Tchad relèvent avec enthousiasme l’annonce du Dialogue National Inclusif qui est une occasion de réconciliation dans la sincérité, la prise de conscience des Tchadiens de l’amour de leur pays, ainsi que l’appel des Tchadiens et partenaires à l’endroit des organes de la Transition à céder le pouvoir à un gouvernement démocratiquement élu au terme de la transition.
Cependant, ils expriment aussi leurs tristesses et angoisses face à la mauvaise gouvernance qui se perpétue depuis plusieurs régimes ; aux populations désabusées par des promesses non tenues, aux « détournements des deniers publics, les ressources financières, minières et pétrolières impunis» ; à « l’injustice, l’iniquité, l’impunité, les inégalités et l’amateurisme dans les services, entités et sociétés étatiques et paraétatiques érigés en système de gouvernance à tous les niveaux ». Ils se préoccupent du en outre du « phénomène d’enlèvements de personnes contre rançon affichant l’incapacité des services publics de garantir la sécurité des biens et des personnes », de « la complicité affichée de certaines autorités favorisant les affrontements sanglants entre éleveurs-agriculteurs et les violences intercommunautaires », de « la volonté manifeste de rendre le système éducatif dysfonctionnel » et de « l’appauvrissement de la population exacerbé par la cherté de vie, l’accaparement des terres et le vol des bétails ».
En conséquence, l’Assemblée générale de la Restrat lance un appel aux fidèles chrétiens et personnes de bonne volonté à « être partisans de la paix ; demeurer courageux, prudents et vigilants ; résister aux manipulations des leaders d’opinion et des politiciens ; de porter un regard critique sur les informations véhiculées par les médias et les réseaux sociaux ; à cultiver l’esprit de justice dans laquelle la paix n’est pas possible ; à dénoncer le mal sous toutes ses formes et à ne pas y coopérer ; à garder l’espérance et à prier pour la conversion des tous pour que la Parole de Dieu soit accueillie et transmise dans notre monde ».
La Restrat appelle également les autorités politiques et administratives à « restaurer la crédibilité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire par la pratique de la justice sociale ; assurer la sécurité des personnes et des biens ; foire appliquer les seules lois républicaines (nul n’est au-dessus de la loi) ; et assumer un vrai leadership au service de la justice, de la bonne gouvernance, de l’égalité de tous les Tchadiens, de la cohésion sociale, du développement du pays dans la vérité et l’impartialité ».
Cette préoccupation se dit conforme aux paroles des évêques au Concile Vatican II, selon lesquelles : « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ces temps, des pauvres et surtout de ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’y a rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. La communauté, en effet, s’édifie avec des hommes, rassemblés dans le Christ, conduits par l’Esprit Saint dans leur marche vers le Royaume du Père et porteurs d’un message du salut qu’il faut proposer à tous. La Communauté des chrétiens se reconnaît donc réellement et intiment solidaire du genre humain et de son histoire. »
Nestor H. Malo