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Le Tchad ne sortira pas de l’ornière à l’issue du DNIS

Le 20 août 2022 s’ouvre la cérémonie officielle des assises du Dialogue National Inclusif. Les participants et invités venaient de tous horizons. Tous venaient pour rechercher les voies et moyens pour sortir le Tchad du cycle des violences qui caractérisent la prise du pouvoir, les causes profondes de la division des Tchadiens en camps ethno-religieuses, les conflits sanglants entre communautés d’éleveurs et d’agriculteurs, les strates socioéconomiques entre concitoyens , etc. Ce dialogue est certainement sous-tendu par le principe que tous les participants sont placés sur un pied d’égalité, ce qui a justifié leur pléthore.

Force est de constater  beaucoup de  nos concitoyens y arrivent avec des préjugés et complexes qui ont causé les mêmes effets censés être éradiqués par la tenue du dialogue. Beaucoup de participants, et même les initiateurs de l’événement, arrivent avec une certaine condescendance sur les autres. L’exemple concret est celui de ce Monsieur qui estime que son concitoyen, lui aussi invité au Dialogue, doit lui céder la priorité dans la queue des véhicules : il roule sur les bordures de la chaussée pour venir chercher à s’incruster devant son devancier. Ce qui a naturellement suscité la réaction de l’autre au point que les deux véhicules s’entrechoquent ! C’est à ce moment seulement que ce super Tchadien est revenu à de meilleurs sentiments et accepte de s’aligner derrière. Heureusement !

Un autre exemple est l’attitude de certains leaders politiques et d’organisations de la société civile qui déclarent « la guerre » à tous ceux des concitoyens qui réclament que certaines de leurs revendications soient préalablement prises en compte avant de prendre part au dialogue. Ceux-là sont considérés comme les plus grands diviseurs communs des Tchadiens. L’allergie que manifestent ceux-là rappelle dangereusement les époques traumatisantes des partis uniques qui formataient d’un même moule « l’esprit citoyen et patriotique ». Ce sont ces slogans de patriotisme et de citoyenneté qui ont causé tous les torts pour lesquels le dialogue est convoqué afin de leur apporter des solutions idoines. Et pourtant, beaucoup de ceux qui dirigent ce pays avaient été traités en son temps par les régimes en place de mêmes qualificatifs. Ce n’est pas parce que l’on éprouve des convictions contraires que l’on est apatride !

Dans la tête de certains participants au dialogue, ce rassemblement doit viser à raffermir la fraternité entre les Tchadiens du Nord et ceux du Sud. « Est-ce à cause de cela que la stèle érigée dans l’enceinte du Palais des Arts et de la Culture montre une accolade entre un Sudiste et un Nordiste ? » serait-on tenté de s’interroger. Erreur ! Réduire les problèmes actuels du Tchad à la division Nord/Sud, c’est l’envenimer inutilement. Les Tchadiens du Nord comme du Sud ont des préoccupations plus concrètes : la lutte contre la pauvreté endémique dans laquelle ils s’enlisent à cause de la gabegie, des détournements massifs des deniers publics, les injustices, l’impunité, etc.

Et c’est justement ce que réclament ces « opposants », armés ou civils : établir un certain équilibre dans les quotas de représentation des participants au DNIS pour discuter sur un pied d’égalité. Les sorties de certains représentants de provinces et des corporations pour dénoncer la manipulation des noms sont bien révélatrices de la volonté de maintenir le statu quo politique dans le pays. Et si tel est le dessein inavoué des initiateurs du dialogue, le Tchad ne sortira pas de l’ornière à l’issue du DNIS ! Sauf à revenir sur de meilleurs sentiments.

Nestor H. Malo

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Nestor HINYANDIGUIM MALO

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