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Le Président de Transition veut rendre à la justice tchadienne son indépendance

Le mercredi 15 Mars 2023, le barreau du Tchad a effectué sa rentrée solennelle. Les avocats ont également saisi l’occasion pour célébrer les 25 ans d’existence du barreau. Le Président de Transition, Général Mahamat Idriss Deby Itno, qui a présidé la cérémonie a formulé le souhait de rendre à la justice tchadienne son indépendance.

Le président de la République a parlé dans son discours du Tchad de demain. Il a parlé de la place de la justice dans le nouveau Tchad. « Il faut le dire sans complaisance : la justice tchadienne va mal. Ce dysfonctionnement de la justice constitue l’un de nos principaux problèmes dans notre pays », a dit Général Mahamat Idriss Déby. Il a, alors, fait la litanie de quelques entraves qu’il a notées dans le fonctionnement de l’appareil judiciaire de notre pays.

Voilà le constat et cette prise de conscience que notre justice va mal. Que faire ? Le Chef de l’Etat a exprimé une réelle volonté de rendre à la justice de notre pays son indépendance et cela passe une retouche de la constitution. « Dans le Tchad de demain que nous voulons, personne ne doit être supérieur à la loi, y compris le président de la République », a dit le Général Mahamat Idriss Déby. Concrètement, il compte proposer dans la prochaine constitution, que le président de la République ne soit plus le président du conseil supérieur de la magistrature. Rappelant qu’au Tchad et dans plusieurs pays, le président de la République est le président du conseil supérieur de la magistrature. Il est chargé de nommer et de superviser les juges. Un dispositif très critiqué dans notre pays. Pour beaucoup, l’appareil judiciaire manque d’indépendance à cause de l’immixtion de la politique dans son fonctionnement. Les décisions de justice sont inféodées aux intérêts des hommes politiques.

Il y a quelques-années, l’ancien président américain Barack Obama avait fait une déclaration qui est restée dans les annales : « l’Afrique n’a pas besoin des hommes forts, mais d’institutions fortes ». Cette formule avait suscité, à la fois, admiration et réticence sur sa pertinence. Parmi ceux qui avaient émis quelques réserves, il y a l’ancien président du Burkina Faso, Blaise Compaoré. Dans le contexte africain, avait-il répondu à Obama, on avait « plutôt besoin d’hommes forts ». Passons !

En tout cas, tout semble nous faire croire que notre président de la République se penche plus pour des institutions fortes, puisqu’il a affirmé que personne ne doit être supérieure à la loi, y compris le président de la République. Si cette volonté se concrétise, notre pays, le Tchad serait une référence dans une Afrique où la justice est accusée, à tort ou à raison, d’être souvent pour ne pas dire toujours, aux ordres des vainqueurs, c’est-à-dire aux ordres du président fondateur, pour parler comme l’autre.

Que la justice soit efficace pour qu’elle fasse correctement son travail, c’est-à-dire rendre une justice sans entrave, c’est tout ce que demandent les Tchadiens. Pourvu que ce ne soit pas une déclaration de plus. On se souviendra des formules chocs de feu Maréchal Idriss Déby Itno allant dans le sens du rétablissement de la justice : « Je ne couvre personne ! », « la kermesse du désordre est terminée ! » Des propos dont l’impact reste sujet à débat.

Dieu sait qu’il n’est pas impossible de rendre à la justice tchadienne son indépendance, si la volonté politique y est. Vivement le nouveau Tchad avec une justice indépendante au service du peuple !

Pierre Boubane

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Par : Boutros

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