Ecrire sans travestir, Informer sans manipuler, Analyser sans préjugés

Le mea culpa de Mahamat Kaka

En marge de la diffusion du documentaire intitulé « le Tchad à l’épreuve dune transition, avril 2021-octobre 2022 », le président de transition Mahamat Idriss DébyItno a fait part de ses regrets sur les massacres du 20 octobre dernier mais aussi des conflits intercommunautaires. Une sortie qui a suscité des réactions diverses. Si d’aucuns trouvent en cette sortie une ouverture, d’autres la qualifient d’un aveu de culpabilité.

C’est un fait rare depuis le début de la transition au Tchad. Pour la première fois depuis les événements du jeudi 20 octobre 2022, qualifiés à tort ou à raison de jeudi-noir, le président de transition a fait officiellement part de ses regrets: « je regrette les manifestations qui ont mal tourné… Je regrette ce qui s’est passé le 20 octobre… ». C’est inédit car, c’est pour la première fois depuis ces massacres qu’un officiel utilise le terme manifestation.

Loin d’être une surprise et un aveu de responsabilité, le Coordonnateur du Centre de recherche en anthropologie et sciences humaines (Crash) estime qu’il s’agit d’une ouverture. « C’est un message important et une position plus responsable, car après le 20 octobre, nous avons l’impression d’une radicalisation des camps avec des positions très austères. Le président se positionne dans une posture de regrets, donc une façon d’admettre que les choses se sont mal tournées et qu’il y a eu des bévues », précise Dr Remadji Hoinathy.

Cette déclaration permettra, espère-t-il, d’assouplir les positions, « d’établir la responsabilité réelle et d’ouvrir la voie à un dégel de l’espace politique ». « Il faut saluer le virage. Les temps ont été très austères, ne laissant pas de possibilités d’un débat entre Tchadiens autour de ce qui s’est passé le 20 octobre », ajoute l’anthropologue qui admet tout de même : « nous sommes au Tchad donc attendons de voir avant de se réjouir ».

Pour sa part, le politologue et enseignant-chercheur Dr Evariste Ngarlemtoldé qui parle d’une déclaration politique, invite à aller au-delà des regrets. « Maintenant, les gens attendent plus que de regrets. Ils attendent des réparations mais la réparation ne viendra qu’après la justice. C’est pourquoi il faudrait qu’il y ait les trois cycles qu’on dit : vérité, la justice ensuite et la réparation  », analyse-t-il.

Les manifestations du 20 octobre qui ont fait selon les chiffres officiels 50 morts et plus de 300 blessés sont qualifiées jusqu’ici d’insurrection par les autorités de transition.

StanyslasAsnan

Share on facebook
Facebook
Share on twitter
Twitter
Share on linkedin
LinkedIn
Frédéric Mbaidedji

Frédéric Mbaidedji

Laisser un commentaire