Les habitants de Koutoutou, un canton de la sous-préfecture de Bénoye rural, département de Ngourkoss et ses environs, dans la Province du Logone occidental, ont célébré la fête traditionnelle « Kouroum » avec beaucoup d’engouement et enthousiasme ce dimanche 18 décembre 2022.
Déjà, à la veille le 17 décembre 2022, une légère ferveur se fait sentir. Tout a commencé avec le casernement des organisateurs qui doivent n’avoir aucun contact avec les femmes trois jours précédant la fête et les trente jours suivants avec la construction des hangars qui abriteront les échanges commerciaux à cette occasion.
Le 18 décembre matin, une marée humaine a inondé le site de la cérémonie. Jeunes et adultes endimanchés ou en habits ordinaires composent la cortège. Chacun cherche la meilleure place pour ne rien rater des rites de la cérémonie. Disciplinés, ils prêtent l’oreille pour le premier son du tambour annonçant le début de cérémonie. Le chef de la cérémonie, Djikoldion Samson, rappelle quelques conduites à tenir. Entre autres, l’interdiction formelle de port d’armes, le vol, la bagarre, les actes de vengeance et de rivalité. Il précise que cette fête est un moment de pardon, de réconciliation, d’amitié et de fraternité. Il met en garde toute personne qui violera ces principes. Ce qui attirerait la foudre et la colère des ancêtres et de l’arbre sacré protecteur du village sous lequel se déroule la cérémonie.
Après cette première étape, l’équipe d’organisation s’est retirée au lieu sacré pour l’accomplissement de certains rites dans la plus grande discrétion.
L’apparition d’un cheval blanc peint de kaolin, suivie de la sortie solennelle de l’équipe d’organisation annonce le moment tant attendu de festivités. En tenue d’apparat, torse nu, le chef de la cérémonie, entouré de ses collaborateurs tous marqués de kaolin, est accueilli par des youyous, arrive sous l’arbre sacré où il béni la . Il trempe les branches de l’arbre protecteur du village dans toutes les boissons préparées pour l’occasion avant leur consommation par les participants. Ceci pour les « purifier » de toute tentative d’empoisonnement et détruire toute action maléfique des sorciers. Toute personne qui s’abstient de boire ces boissons pendant cette fête le rend suspecte. Des danses traditionnelles ont agrémenté toute la cérémonie.
Il faut retenir que « Kouroum » est en langue Nangtcheré, une des langues de la Tandjilé. Selon la tradition, c’est Riyongtiong, gran-parent de Djikoldion Samson, ami à Assanang de Soyon de Delbian, qui célébrait cette fête traditionnelle. Il invitait à chaque occasion son ami pour lui témoigner sa reconnaissance et maintenir leur lien. Issanang a partagé son pouvoir avec son ami en lui demandant d’organiser cette fête dans son village Koutoutou afin de se faire aussi des amis.
Dingaourané Stéphane, Moundou