Au Burkina Faso, 50 femmes ont été enlevées jeudi et vendredi par des djihadistes présumés à Arbinda, dans le nord du pays. Elles restent captives quelque part dans le désert sahélien. La mobilisation pour obtenir leur libération reste timide.
Selon le témoignage de plusieurs habitants et responsables locaux, un premier groupe d’une quarantaine de femmes a été enlevé à une dizaine de kilomètres au sud-est d’Arbinda et un autre d’une vingtaine, le lendemain au nord de cette même localité. Certaines ont pu s’échapper et regagner leur village pour témoigner. Ce sont elles qui ont sonné l’alerte.
La population qui a épuisé ses stocks de réserve alimentaire se trouve au bord de la catastrophe humanitaire, informent des sources humanitaires qui servent dans cette zone. Les femmes essayent de se battre comme elles peuvent pour faire face à cette situation. Elles étaient regroupées pour aller cueillir des feuilles et des fruits sauvages en brousse comme les braves femmes savent le faire dans nos campagnes. Hélas, ce jour-là, elles prennent la mauvaise direction et se retrouvent aux mauvais endroits et au mauvais moment. D’ailleurs, existe-il un lieu sûr dans cette zone du Burkina Faso aujourd’hui où les djihadistes dictent leur loi ? En tout cas, ces femmes se font surprendre par les terroristes.
Enlever des femmes, c’est toucher une fibre très sensible. Les terroristes le savent en termes de communication, leur acte entrainera des remous au sein de la société burkinabè ainsi qu’à l’opinion internationale. Leur forfait risque de provoquer un soulèvement populaire si les autorités ne réussissent pas à faire libérer ces femmes. Ils veulent sans doute forcer le gouvernement à choisir l’option de la négociation plutôt que d’imposer l’option militaire avec le risque que les femmes capturées se fassent tuer dans les combats. Cet enlèvement est une épreuve de plus pour le capitaine Ibrahim Traoré, président de transition issu d’un coup d’Etat militaire le 30 septembre qui s’est donné pour objectif «la reconquête du territoire occupé par ces hordes de terroristes », comme il les a qualifiés dans une récente sortie médiatique. Depuis l’annonce de cette terrible nouvelle, l’armée et ses supplétifs civils effectuent des ratissages de la zone, dans l’espoir de retrouver les femmes retenues captives. A ce jour, l’opération est sans succès.
Au niveau international, l’on est resté au niveau des condamnations et des appels à leur libération, et timidement d’ailleurs. C’est tout le regret que nous éprouvons. La mobilisation comme celle suscitée par l’enlèvement en 2014 des écolières de Chibok au Nigéria le 5 mai par le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, qui condamne l’« éducation occidentale », n’a pas eu lieu. Le hashtag Bring back our girls initié par Michele Obama, épouse du président américain d’alors, Barack Obama avait suscité une mobilisation planétaire. Le hashtag avait été repris par quasiment toutes les célébrés du monde.
Plus de 50 femmes qui sont mères, épouses, sœurs sont détenues quelque part dans le désert sahélien avec le froid que nous bravons tous, depuis plus d’un mois ! Il est inconcevable que la mobilisation reste si timide. Où sont donc les Premières Dames ? Où sont donc les fameux influenceurs qui passent leur temps sur les réseaux sociaux ? Un hashtag Bring back our ladies ne serait-il pas utile pour demander, voire exiger la libération de ces braves femmes qui manquent déjà à leurs proches ? Il est des combats qu’il faut mener sans que l’on nous sollicite de manière expresse. Mais parce qu’animé par un humanisme militant on s’y engage.
Pierre Boubane