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La diya serait-elle le véritable problème ?

Le gouvernement tchadien a payé la somme de deux cents millions de francs Cfa en guise de réparation ou de diya pour un meurtre d’un civil dans le département de Kobé, dans la province de Wadi-Fira. 

200 millions de francs Cfa et la diya : les mots sont sur toutes les lèvres et suscitent des diverses réactions. Pendant les heures de pause au travail, dans les ménages, sur la toile, on commente à n’en point finir cette affaire. La polémique s’invite même dans les lieux de culte ou de prière depuis la publication de la copie du «procès-verbal» de « réparation civile » à la suite du meurtre d’un citoyen par les éléments de la garde nationale et nomade du Tchad (Gnnt). «Suite à la mission (…), un civil (…) a été tué par les éléments de la garde nationale et nomade du Tchad (Gnnt). A l’issue des discussions pour la réparation civile, la dya, la mission étant commandée, la réparation est définitivement prise en charge par l’Etat», indique le document paraphé d’un côté par les proches de la victime et de l’autre par le ministre de la sécurité publique et de l’immigration Mahamat Charfadine Margui et le directeur de cabinet particulier du président de transition, le général Ismail Souleyman Lony. Image à l’appui, le document révèle qu’un «montant de deux cents millions de francs Cfa a été intégralement versé». De quoi susciter de vives critiques, justifiées ou non !

Loin notre volonté d’approuver ou de désapprouver l’acte, ni la somme versée, ni même la diya, ce mot arabe qui signifie littéralement réparation ou le dû versé, car de notre point de vue, l’être humain, quelles que soient son origine, son ethnie ou sa religion n’a pas de prix. Il faut le dire sans ambages, la diya n’est pas le problème. Le véritable goulot d’étranglement réside, dans son application ou du moins dans son interprétation dans un contexte tchadien, car cette réparation ne doit pas en principe faire obstacle à l’action publique mais ne peut s’appliquer dans les communautés qui s’y reconnaissent. Mais souvent, et c’est là où le bât blesse, c’est la tendance à surseoir au volet pénal de l’affaire mais aussi à généraliser la pratique dans tout le pays. Et ce, mêmes dans les communautés qui ne partagent pas les mêmes convictions religieuses.

Aussi, au lendemain de cette réparation par l’Etat lui-même, certaines questions restent à être élucidées. Où en sommes-nous avec le volet pénal ? Pourquoi l’Etat tchadien n’a pas versé les mêmes sommes pour des cas similaires ? Cette réparation ou le paiement de cette somme servirait dorénavant de jurisprudence aux ayants droits des victimes des forces de l’ordre pour percevoir la même somme ? Faire l’inverse, c’est montrer au monde entier qu’au Tchad, il y a des hommes et des sous-hommes, comme le disait quelqu’un «les moutons se promènent ensemble, mais ils n’ont pas le même prix». Et cela sera en déphasage de la Constitution qui prévoit sans exception aucune «l’égalité des Tchadiens» et une véritable injustice au plus haut sommet de l’Etat. Entre les principes et la pratique, quel fossé ?

Stanyslas Asnan

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