Kigali-Kinshasa: jusqu’où ira l’escalade?

Le Rwanda et la République Démocratique du Congo sont à couteaux tirés. Accusant Kinshasa d’avoir violé son espace aérien, un avion de chasse congolais, un Sukhoï-25, a essuyé un tir rwandais le 25 janvier dernier. Jusqu’où ira l’escalade entre les deux voisins des Grands Lacs ?

Entre Kigali et Kinshasa, rien ne va plus. On a frôlé le pire, ce 24 janvier 2023. Un avion de chasse congolais, un Sukhoi-25, a été touché par un tir rwandais.

D’après le gouvernement rwandais, un avion d’attaque de l’armée congolaise, a violé son espace aérien dans le district de Rubavu, frontalier de la ville de Goma. Kigali dit avoir pris des mesures défensives suite à ce qu’il qualifie de « troisième acte du genre » depuis le début du mois. Et le communiqué du gouvernement de demander à Kinshasa d’« arrêter cette agression ».

Du côté de Kinshasa, les autorités se portent en faux par rapport à cette accusation et parlent plutôt d’« une énième attaque du Rwanda et d’une action délibérée d’agression qui équivaut à un acte de guerre ». Qui croire, décidément ?

Pas plus tard qu’en novembre et en décembre 2022, le Rwanda a accusé par deux fois la RDC d’avoir violé son espace aérien.

Comme quoi, la tension entre ces deux nations sœurs ennemies ne date pas de ce dernier incident. Le géant congolais et le Rwanda se vouent une animosité réciproque. Motif de ce désamour, les accusations de déstabilisions réciproques dont ils s’accablent. Le Rwanda ne voit pas d’un bon œil la présence des Interhamwé, ces milices hutues génocidaires qui ont fui pour se réfugier du côté de la RDC. Il accuse Kinshasa de soutenir ces derniers. De l’autre côté, les forces armées de RDC reprochent aux militaires rwandais d’appuyer les combattants de la rébellion du M23 qui donnent du fil à retordre aux troupes loyalistes dans l’Est du pays. Ces derniers temps, le gouvernemment congolais ne cesse de mettre la pression sur les Nations unies afin d’empêcher le Rwanda de destabiliser son pays

Le tir essuyé par l’avion de chasse congolais marque un tournant majeur dans la montée de la tension entre les deux pays, et nécessite d’être pris au sérieux. Au moment où le gouvernement congolais appelle à un élan patriotique et fait enrôler des jeunes dans l’armée, de quoi sera fait le lendemain ? Kinshasa estime qu’il faille mettre la pression sur le Rwanda vu que « cette violence risquerait d’hypothéquer les opérations électorales pour des scrutins prévus cette année ».

Sur fond d’exploitation des minerais et autres ressources naturelles, à quand la paix entre le Congo, ce géant au pied d’argile et le petit poucet et costaud Rwanda ? Quid du mandat de la Mission de l’organisation des Nations Unies pour la stabilisation du Congo ? Vivement, la paix dans les Grands lacs !

Frédéric Mbaïdedji