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Journée de la liberté et de la démocratie : Quel bilan, 32 ans après ?

Le 1er décembre 1990 marque l’avènement de la démocratie au Tchad. Cela correspond à la 32ème célébration de la journée de la liberté et de la démocratie. Trente-deux ans après, quel regard peut-on porter sur la démocratie tchadienne ?

 1er décembre 1990-1er décembre 2022, cela fait jour pour 32 ans que le vent de la démocratie a soufflé sur le Tchad. Les éphémérides nous rappellent que le colonel Idriss Deby Itno et ses compagnons d’armes du Mouvement Patriotique du Salut (MPS) ont marché sur le Tchad, renversant le régime de Hissène Habré, l’une des plus implacables dictatures que le monde ait connues. L’homme de Bamina, à la faveur du contexte favorable qui a marqué la fin de la guerre froide, a mis un terme à huit ans de règne sans partage, fait de terreur et de confiscation des libertés.

L’avènement du MPS ouvre la voie de toutes les possibilités, de tous les espoirs. « (…) Ce cadeau n’est ni or, ni argent, c’est la liberté (…) », promet le colonel Idriss Deby. Une phrase célèbre à laquelle a cru une bonne frange des populations tchadiennes, assoiffées de justice, de paix, d’un départ nouveau pour le Tchad. Cette promesse est-elle tenue ?

La réponse ne peut qu’être mitigée. Oui, sommes-nous tentés de répondre, nous en tenant à l’habillage juridique et à l’ancrage institutionnel. Les Tchadiens se sont retrouvés le 15 janvier 1993 à la Conférence Nationale Souveraine pour laver leur linge sale en famille et poser les jalons d’un Tchad refondé bâti sur des valeurs démocratiques. Adoption de la Constitution, mise en place des institutions de la République, pluralisme politique et associatif, organisation des premières élections ‘‘démocratiques’’ en 1996, remportées par Idriss Deby Itno. Scrutins qui seront continuellement gagnés par le MPS et ses alliés jusqu’à la tragique disparition du Maréchal Idriss Deby Itno le 20 avril 2021. Voilà pour ce qui est des avancées démocratiques.

Mais pour de nombreux Tchadiens, la célébration de la journée de la liberté marque 32 ans d’un règne sans partage du MPS et de ses affidés, de prévarications, de vernis démocratique d’un régime qui a dirigé le pays d’une main de fer. C’est 32 ans de d’injustice, violations de droits humains, 32 ans de recul où les indicateurs du Tchad sont au rouge. Bref, 32 ans d’un système dont tous les ressorts sont cassés comme pour paraphraser un illustre contemporain qui conduit actuellement les destinées du pays.

La célébration de la journée de la liberté et de la démocratie s’est réduite comme peau de chagrin au fil des années à du cérémonial, du folklore pour bien de Tchadiens d’en bas. Bien loin des idéaux et des légitimes espoirs de départ.

Faut-il remettre le Tchad sur les rails ou perpétuer ses 32 ans d’errements ? La question reste posée aux Tchadiens de toutes les obédiences et plus particulièrement aux autorités de transition.

Bonne célébration à toutes les Tchadiennes et Tchadiens !

Frédéric Mbaïdedji

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