Le 27 décembre 2022, le Président du Conseil National de Transition, Dr Haroun Kabadi a ordonné la fouille des Conseillers Nationaux. Certains d’entre eux porteraient sur eux une arme à feu. Analyse.
Il n’y a pas de fumée sans feu, dit l’adage. Si le Président du Conseil National de Transition a ordonné la fouille des Conseillé Nationaux, c’est que les informations dont il dispose sont suffisamment crédibles. Il n’aurait pas ordonné de palper des grandes personnalités, sinon.
Au Tchad, le port d’arme fait partie des patrimoines culturels. Dans presque toutes les communautés, un homme qui se déplace sans arme est mal vu par son entourage. Il doit toujours s’armer d’arme blanche ou à feu. Jadis, les agriculteurs et les éleveurs étaient munis de sabre, couteaux ou gourdin pour se protéger mais aussi pour protéger leur bétail. Seulement voilà, l’on assiste de plus en plus à l’usage de ces armes contre des personnes et non contre des animaux sauvages contre qui il fallait se défendre. Chaque fois qu’agriculteurs et éleveurs sont en palabre, chaque camp se sert de ses armes pour se faire justice. Voilà ce à quoi nous assistons, hélas ! C’est ce que nous déplorons tous. Tuerie de Sandana, de Krim-Krim…, on peut continuer à citer pèle-mêle les cas de ces conflits inter-communautaires avec leurs lots de morts.
Le port d’arme est répandu dans les centres urbains et même devenu une mode. A cause de la circulation des armes à feu, l’insécurité est galopante dans les grandes villes comme N’djamena. Ce qui avait poussé, en décembre 2021, le ministre de la Sécurité publique à interdire strictement le port d’arme à feu dans la ville de N’Djaména. Seuls pouvaient porter une arme les gardes du corps du Président du Conseil Militaire de transition, du Premier ministre, des diplomates, les généraux et les magistrats. Dans la foulée, l’on nous avait soumis à des fouilles corporelles, des fouilles des voitures des particuliers, et une interdiction de circuler avec des véhicules aux vitres fumées. Toutes ces mesures visaient à faire baisser le nombre des cas d’agressions avec arme.
Décidément, les Tchadiens ont un sérieux problème avec tout ce qui est loi. La circulaire du ministre de la Sécurité publique n’a manifestement pas été respectée à la lettre. Puisque si on en arrive à fouiller des Conseillers Nationaux parce qu’ils seraient susceptibles de porter des armes, c’est que la mesure ministérielle n’a pas été suivi d’effet.
A qui revient la responsabilité ? Aux citoyens qui n’obéissent pas, ou aux autorités qui n’arrivent pas à faire respecter la loi ? Certes, les responsabilités sont partagées, mais la plus grande reste celle de l’Etat, garant de la sécurité publique. C’est à lui d’organiser la vie commune dans la cité en travaillant pour la sécurité de toutes les personnes et de leurs biens. Ceci pour éviter que chacun travaille à sécuriser sa petite vie et celle de ses proches. Encore faut-il que l’Etat soit exemplaire pour mériter la confiance des sujets que nous sommes.
Aminata Abakar
Journaliste à Radio-CEFOD 100.7 FM