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Guinée Conakry : le FNDC dissout par la junte militaire au pouvoir

En Guinée Conakry, le Front National pour la Défense de la Constitution- FNDC-,  à l’origine d’une série de manifestations en octobre 2019 contre la modification et l’adoption d’une nouvelle constitution qui a conduit le président Alpha Condé à un troisième mandat présidentiel a été dissout mardi dernier par la junte militaire qui dirige la Guinée depuis le 5 septembre 2021. Que faut-il en retenir ?

Aujourd’hui, le FNDC est mort de la triste des manières, achevé par un décret du gouvernement de la transition. Lorsque le président Alpha Condé agite l’idée de modifier la constitution de son pays pour se présenter à un troisième mandat, certains de ses compatriotes dénoncent l’idée. Face à son obstination, un mouvement initié par des activistes et artistes musiciens voit le jour à Conakry : le Front National de Défense de la Constitution – FNDC. Ses initiateurs se donnent alors comme mission de défendre la constitution. Le FNDC perd sa bataille face au président Condé qui a réussi modifier la constitution qui l’interdisait de se représenter à la présidentielle de novembre 2020. Dans cette bataille, plusieurs membres du FNDC tombent sous les balles des forces de l’ordre. Fort de sa capacité à mobiliser la jeunesse guinéenne, le FNDC décide de continuer le combat dans la durée. Après le pustch de septembre 2021 qui a emporté Alpha Condé, le mouvement citoyen est sous le collimateur de la junte militaire. Le FNDC a été finalement dissout par le gouvernement mardi dernier. Il lui est reproché d’être un mouvement trop violent lors des manifestations qu’il organise.

De fait, le FNDC est victime des symptômes dont souffrent tous les mouvements citoyens.  Les premiers des symptômes sont les partis politiques qui se joignent à eux. Lorsque le FNDC a vu le jour, les partis politiques de l’opposition comme l’Union des Forces Démocratiques de Guinée -UFDG, de Cellou Dalein Diallo courtisent le mouvement. Mais très vite, la stratégie de lutte prônée par Foniké Mengué et ses compagnons à l’initiative du FNDC n’a pas été totalement épousée par l’UFDG. Alors qu’il était question de boycotter la présidentielle de novembre 2020 face au candidat Alpha Condé, le leader l’UFDG accepte d’y participer. Le deuxième symptôme est l’absence d’une figure charismatique. Foniké Mengué n’a vraiment pas réussi à imposer un leadership fort et visionnaire à ses camarades de lutte. Le troisième symptôme est la difficulté pour les mouvements citoyens d’inscrire leur combat dans la durée.

La question qu’il faut se poser est de savoir s’il est pertinent que des mouvements citoyens qui se disent apolitiques peuvent accueillir en leur seins des partis politiques. Le sort réservé au FNDC en Guinée par la junte au pouvoir est quasiment le même pour les autres mouvements en Afrique. Le Balai Citoyen au Faso est presqu’étouffé par la junte militaire ; au Sénégal Y’en a marre n’est que l’ombre de lui-même pour bien des raisons. Au Congo Kinshasa, Filimbi est malmené par les pouvoirs politiques et certains des membres sont régulièrement arrêtés et fouettés par les forces de l’ordre. Chez nous au Tchad, Wakit-Tamma qui se présente comme une coalition qui regroupe des partis politiques, des syndicats et les organisations de la société civile tente de résister pour maintenir un semblant d’unité en son sien. Cependant à chaque fois, l’on note des divergences d’appréciation de certaines de ses actions. Bref, les mouvements citoyens manquent d’une vision et d’une stratégie commune pour mener à bien leur lutte.

En Guinée, Foniké Mengué et ses compagnons fondateurs du FNDC peuvent se réjouir d’avoir, au moins, eu l’idée de mettre en place cette plateforme pour mener le combat de la défense de la constitution de leur pays. Même si aucun des combats entrepris par le FNDC n’a vraiment abouti à une victoire. Alpha Condé a modifié la constitution et a été réélu président avant d’être renversé par un coup d’Etat militaire, les partis d’opposition dont le principal, l’UFDG de Cellou Dalein Diallo ont trahi l’esprit du FNDC, en ne respectant pas l’appel au boycott de la présidentielle de 2020 face à Condé, et enfin, Fonliké Mengué doit vraiment regretter les morts enregistrés lors des manifestations organisées dans les rues de Conakry. Avec la mort acté du FNDC, on pourrait demander : tout ça pou C ça ?c’est-à-dire tous ces morts pour rien ?

Toutefois, l’on ne peut se résoudre à conclure que le combat citoyen ne mérite plus d’être mené. Tout au contraire !

Pierre Bouabne

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Par : Boutros

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