La France condamne le soutien du Rwanda au M23. A Kinshasa on applaudit la position de Paris, même si on la juge tardive, cette condamnation. Cette pression diplomatique sur le Rwanda, accusée à tort ou à raison, de soutenir le mouvement rebelle portera-t-elle le résultat escompté ?
En tout cas, c’est le souhait formulé par toutes les personnes éprises de paix. Après Washington, c’est au tour de Paris de condamner le soutien, vrai ou faux, du Rwanda aux rebelles du M23 qui terrorisent la population à l’Est de la RDC. Que la France et bien d’autres puissances internationales reconnaissent, publiquement, que le « Rwanda agresse » la RDC est déjà une victoire pour Kinshasa, a dit le porte-parole du gouvernement congolais Patrick Muyaya. Il réclame un durcissement du ton et même des sanctions de la communauté internationale contre le Rwanda. Pas sûr que la communauté internationale aille jusqu’à prendre des sanctions contre le gouvernement rwandais ! Avec cette pression diplomatique, les Congolais espèrent bien récupérer les territoires occupés par le M23. Mais le mouvement acceptera-t-il de se retirer ? Des observateurs pensent que, c’est le Rwanda qui décidera quand et comment les rebelles se retireront. Paul Kagamé, lui, continuer de rejeter les accusations d’être le parrain du M23. Il a tout à fait une autre lecture de cette guerre à l’est de la RDC. Il l’a fait savoir, lors d’un discours devant les parlementaires rwandais.
Pour Paul Kagamé, toute cette agitation à l’est du Congo obéit à une logique électorale. Résumons brièvement son propos de ce jour-là. Ce qui se passe à la frontière-ouest de notre pays est désastreux, a-t-il lâché. Nous, Rwandais, sommes pour la paix avec nos voisins. Nous avons toujours privilégié le dialogue pour résoudre nos différends, a-t-il renchéri. Mais on est habitué à voir ces crises répétitives surgir et resurgir à la veille des échéances électorales. Paul Kagamé a, directement, accusé son homologue congolais d’instrumentaliser le M23 pour servir de prétexte afin de repousser la prochaine présidentielle. Au lendemain de cette sortie de Paul Kagamé le Congolais, Felix Antoine Tschisekedi a, aussitôt, réagi aux propos de son homologue. Non seulement, il a confirmé la tenue de l’élection présidentielle en République démocratique du Congo, il a même annoncé la date de sa tenue pour le 20 décembre 2023. Une élection à laquelle il sera candidat à sa propre succession. Depuis, d’autres Congolais formulent leurs intentions de se porter candidat à cette élection. C’est le cas de l’ancien gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi.
Au demeurant, avec la condamnation de Paris du soutien, supposé ou vrai, du Rwanda au M23, c’est une victoire diplomatique pour le gouvernement congolais, certes. Mais faut-il que cette victoire diplomatique soit suivie d’effets concrets. Nous le savons tous, par définition la diplomatie, c’est l’art de sauver les apparences. Voilà pourquoi, nous disons qu’il n’y aura de véritable victoire dans ce dossier, que lorsque qu’il y aura cessation totale des combats, retrait des rebelles des territoires occupés et surtout retour des populations dans leurs villages pour passer les fêtes de fin d’année en famille. Pour cela il faut à tout prix contraindre, les rebelles ou les terroristes, choisissez le nom qui vous convient, de se retirer des territoires occupés.
Pierre Boubane