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Groupe Wagner : pourquoi est-il diabolisé ?

Le groupe russe Wagner est une entité militaire dont l’évocation suscite beaucoup de remous sur la scène internationale. Assimilé à une milice comptable de crimes de guerre et de graves violations de droits de l’homme, qui est vraiment ce groupe ?

En suivant l’actualité internationale, il ne se passe pas un seul instant sans que l’on ne parle du groupe Wagner. Du moins, dans le camp occidental, à Berlin, Paris, Londres, Washington. Les autorités maliennes essuient actuellement le courroux de la communauté internationale pour avoir collaboré avec le groupe Wagner. Idem pour la République centrafricaine. Le Mali et la Centrafrique soutiennent au contraire bénéficier de l’expertise des instructeurs russes dans le cadre de la coopération bilatérale régulière avec la Russie. Qui croire ? Là n’est pas la question.

Le groupe Wagner est actif en Libye depuis 2016, soutenant les forces loyales au général Khalifa Haftar.

En 2017, le groupe Wagner a été invité en République centrafricaine pour garder les mines de diamants. Il travaillerait également au Soudan, où il garderait des mines d’or.

En plus des pays africains, le groupe a été reconnu actif au cours des huit dernières années en Ukraine et en Syrie.

Une enquête de la BBC sur le groupe Wagner a mis en évidence l’implication présumée d’un ancien officier de l’armée russe de 51 ans, Dmitri Utkin. C’est lui qui aurait fondé le groupe Wagner et lui aurait donné son nom, son ancien indicatif téléphonique.

Le groupe Wagner est entré en action pour la première fois lors de l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, explique Tracey German, professeur de conflits et de sécurité au King’s College de Londres. « Environ 1 000 de ses mercenaires ont ensuite soutenu les milices pro-russes qui luttent pour le contrôle des régions de Louhansk et de Donetsk », ajoute-t-elle.

Certaines sources soutiennent que l’agence de renseignement militaire russe, le GRU, finance et supervise secrètement le groupe Wagner. Insinuations démenties par la Russie.

L’enquête de la BBC a également établi un lien entre Wagner et Evgeny Prigozhin, l’oligarque proche de Vladimir Putin dont De nombreuses sociétés sont actuellement sous le coup de sanctions américaines.

Sans pour autant prendre position pour l’un ou l’autre camp, le fait que le groupe Wagner soit diabolisé par le camp occidental est de bonne guerre. Cela traduit les jeux d’influence, les rapports de forces et les relents de la guerre froide. Il y a des décennies en arrière, le mercenaire Bob Denard faisait et défaisait les pouvoirs en Afrique avec la bénédiction de la France. En Irak, la société militaire privée américaine Blackwater a été impliquée dans des massacres et des actes de torture sur des civils sans que Washington ne s’en émeuve.

Comme quoi, la communauté internationale a des émotions sélectives au gré des intérêts des puissances en jeu. Bob Denard, Black Water ou Wagner, anges ou démon ? c’est selon. A chaque pays souverain d’avoir le discernement nécessaire dans tout acte qu’il aura à poser avec ces entités.

Frédéric Mbaïdedji

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