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Enfants en situation difficile : De la rue à l’école

Trente enfants en situation difficile qui vadrouillaient et dormaient au grand marché de Sarh, sont récupérés au centre d’encadrement de Balimba dans le département de Barh-Koh, province du Moyen Chari. Tous sont scolarisés. Certains au primaire, d’autres au secondaire et dans des centres de formation professionnelle.

Au bord du fleuve Barh-Koh, du côté de la sous-préfecture de Baimba, à quelques cinq kilomètres de la ville de Sarh, se trouve un centre d’entraide des enfants de la rue du Moyen-Chari. D’une capacité d’accueil de 42 enfants, il abrite pour l’heure 30 enfants. La majorité de ces enfants est récupérét au marché de Sarh, d’autres sont venus de différents horizons, notamment de Kyabé, Koumra, Moissala, Péni et de Goundi. Cinq cases rondes aux toits en tôle, sont construites et leur servent de dortoirs. Ils s’organisent par dortoir pour nettoyer la cour du centre, arroser les fleurs, préparer le petit déjeuner, jouer au football et au tennis, raconter des histoires et/ou contes.

Scolarisation obligatoire pour tous

Grâce aux soutiens des Sœurs de la Charité, les 30 enfants dont l’âge varie de 8 à 16 ans sont scolarisés. Neuf (09) sont inscrits à l’école pilote de Balimba (une école publique) ; treize (13) dans une école privée ; six (06) au collège d’enseignement général CEG et deux suivent une formation professionnelle en mécanique automobile et en soudure métallique. Sur le chemin de l’école, les plus grands sont chargés de protéger les plus petits. Les frais de scolarité, les fournitures et les tenues scolaires sont fournis pas les Sœurs de Charité qui en font leur priorité pour qu’aucun enfant accueilli au centre ne soit laissé de côté. Des répétiteurs sont recrutés pour rehausser le niveau de ceux des enfants qui éprouvent des lacunes dans certaines matières de base.

« Le matin, après le petit déjeuner, tous les enfants se mettent en route pour l’école avec des consignes d’être attentifs et non distraits en classe. Car, nous leur disons que l’école ouvre l’esprit vers un monde meilleur, vers le développement », explique le responsable du centre M. Nguemadji Modjingar.

Des centaines d’enfants accueillis encadrés

Depuis la création de ce centre en 1997 par un volontaire français nommé Gaël Giraud, des centaines d’enfants sont accueillis, scolarisés et encadrés dans ce centre. Certains ont obtenu le baccalauréat de l’enseignement du second degré et ont poursuivi des études supérieures dans les différentes universités du Tchad et même à l’extérieur du Tchad. A titre d’exemple, un ancien pensionnaire du centre, Guigbé Moïse, prépare actuellement son master2 au Kenya en Relations Internationales ; un autre, Digambaye Mathias, s’est inscrit en master au département de psychologie à l’université de NDjaména après sa licence en sociologie. Beaucoup de ceux qui ont fini des formations professionnelles sont déjà dans la vie active. Ceux-ci reviennent de temps en temps visiter le centre et encourager leurs cadets qui y vivent. « Ce centre m’a tout donné. Je suis devenu ce que je suis grâce à ce centre. Si je n’étais pas récupéré et accueilli au centre d’entraide des enfants de Balimba, je n’aurai même pas eu la chance d’aller à l’école pour obtenir le baccalauréat, puis suivre une formation en électricité. La bonté des responsables de ce centre est incommensurable », déclare un jeune qui a fait ses pas à l’école à partir de ce centre.

L’alimentation, la santé et l’habillement

Les autres dimensions des droits de l’enfant ne sont pas négligées par les responsables du centre de Balimba. Une cuisinière est recrutée pour pouvoir préparer à manger aux enfants. Le centre a une caisse maladie et une petite pharmacie pour les premiers soins d’urgence. En cas de maladie grave, l’enfant est conduit au district sanitaire de Balimba pour bénéficier des soins appropriés. Tous les trois mois, chaque enfant reçoit un kit des habits achetés et préparés par les sœurs de charité.

Au centre d’entraide des enfants, les loisirs ne sont pas perdus de vue. « Les activités sportives sont organisées tous les samedis en vue de développer un corps sain et un esprit sain. Le centre abrite un terrain de football et de tennis, informe M. Nguemadji Modjingar. De 19h à 20h30, les enfants suivent des films instructifs soigneusement choisis par leurs encadreurs. Le centre est équipé d’un écran téléviseur et des panneaux solaires pour pouvoir répondre à ce besoin. D’autres activités culturelles et artistiques tels que le dessin, les danses traditionnelles et modernes sont développées pour dégourdir les enfants et susciter leurs esprits de créativité.

La volaille entretenue par les jeunes du centre.

Le maraichage et l’élevage

Pour amener les enfants à connaitre les deux mamelles de l’économie tchadienne qui sont l’agriculture et l’élevage, le centre initie, pendant la période sèche, développe la culture maraîchère. Ainsi, les enfants âgés de 12 à 16 ans ont, chacun, une planche de légume à arroser et à entretenir. Ce travail se fait de la préparation de la planche à l’amendement du sol, au semis, à l’arrosage jusqu’à la récolte. L’élevage de la volaille est également développé pour permettre à ceux qui s’y intéressent d’avoir une idée. Un poulailler moderne est construit à cet effet et un encadreur s’en occupe pour montrer aux enfants les bonnes pratiques à adopter pour ce genre d’élevage.

Il y a quelques années, le centre avait un petit troupeau de bœufs pour faire l’agriculture. La culture de sorgho, de maïs et des arachides a été développée à titre expérimentale et les produits étaient conservés pour la consommation des enfants.

Les difficultés du centre

Le centre d’entraide des enfants de la rue du Moyen Chari rencontre également d’énormes difficultés. Il vit grâce aux soutiens des personnes de bonne volonté, et des partenaires étrangers. Ce sont les Sœurs de la Charité qui soutiennent véritablement ce centre puisqu’il est sous leur responsabilité.  « Le centre est en train de grandir, certes, mais les difficultés nous empêchent de l’agrandir et de l’ouvrir aux filles comme le souhaitent certaines personnes », remarque M. Nguemadji Modjingar.

L’idée de la création de l’Association d’Entraide des Enfants de la Rue du Moyen Chari en 1997, est venue de M. Gaël Giraud, un volontaire français qui séjournait à Sarh pour enseigner au Lycée Collège Saint Charles Lwanga. Pendant son séjour à Sarh, il constata qu’il y avait beaucoup d’enfants qui vadrouillaient tout autour du marché, surtout en face du cinéma Rex. Consterné par leur situation, il a commencé à sympathiser et à collaborer avec eux. Il venait de temps en temps les regrouper pour causer avec eux. Quelquefois, il dormait avec eux sous les vérandas des boutiques et alimentations du grand marché.

Gaël Giraud décide d’en parler à ses collègues du Lycée Collège Saint Charles Lwanga. Avec ces derniers, la décision de trouver un local à louer pour abriter les enfants en situation difficile est prise. Une maison est trouvée au quartier Paris-Congo de Sarh. Quelques enfants sont sensibilisés, récupérés et accueillis dans cette maison. Dans la journée, ceux-ci peuvent aller se promener et revenir le soir ou la nuit y dormir.

La création du centre de Balimba

Pour mieux protéger et sécuriser les enfants en situation difficile, M. Gaël Giraud et ses collègues décident de trouver un site en dehors de la ville de Sarh pour y construire. Ils mènent des démarches auprès du chef de canton de Balimba, M. Tamdji Nangas de Ngardoum. Celui-ci n’a pas hésité un seul instant à leur attribuer un site au bord du fleuve Barh-Kôh. « J’ai trouvé que c’est une initiative louable surtout qu’elle concerne les enfants », reconnait le chef de canton. Aussitôt, les démarches de bornage du terrain sont engagées auprès du service de cadastre et le financement recherché pour sa mise en valeur.

Ainsi, des dortoirs, des hangars, des magasins, des forages d’eau et bien d’autres bâtiments sont réalisés et le centre de Balimba est ouvert aux enfants en situation difficile du Moyen-Chari. M. Gaël Giraud ayant fini son volontariat à Sarh est reparti en France en confiant le centre aux Sœurs de la Charité. Grâce à son initiative, beaucoup d’enfants ont complètement changé le cours de leur existence.

Mastogue Olivier

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Nestor HINYANDIGUIM MALO

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