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Du surplace, 3 mois après !

20 octobre 2022-20 janvier 2023 : il y a trois mois, jour pour jour, N’Djaména et plusieurs autres grandes villes du pays étaient secouées par des manifestations, à l’appel de certains partis politiques et mouvements de la société civile. Ces manifestations, non autorités, ont été réprimées dans le sang par les forces de défenses et de sécurité. Selon les sources officielles, il y a eu 50 morts et 300 blessés. Des chiffres contestés par les leaders politiques de l’opposition qui avancent des chiffres plus élevés. Les enquêtes pour situer les responsabilités sur ces évènements suivent leur cours. Connaitra-t-on un jour la vérité sur qui a fait quoi ce jour ? Et surtout, les victimes obtiendront-elles un jour justice ?

Qui veut, peut ! La question est de savoir s’il y a une réelle volonté de faire la lumière sur le chaos qui a régné, ce 20 octobre à N’Djaména, Moundou et ailleurs dans certaines villes du pays. La traque de certaines personnes impliquées dans ce qui s’est passé et la lenteur dénoncée dans les enquêtes en cours accentuent ce malaise palpable chez nombre de Tchadiens qui restent traumatisés.

Certes, comparaison n’est pas raison, mais pour beaucoup tout porte à croire que nous ferons l’expérience des Guinéens. C’est-à-dire, nous assisterons, peut-être, à de vrais procès dans 10 ans avec le risque qu’avec le temps des preuves disparaissent à jamais. En Guinée Conakry, le procès des massacres du 28 septembre 2009 s’est ouvert il y a un peu plus d’un mois. Après avoir tourné en rond, les Guinéens ont finalement décidé de faire face à cette page sombre de leur histoire. Devant la barre, le président de la Cour tente de faire jaillir la lumière. L’exercice est difficile.

Décidément, dans nos pays, chaque fois que l’opposition appelle à manifester, il se passe souvent des imprévus. Le 20 octobre dernier donc, à l’appel de certains partis politiques de l’opposition, des jeunes investissent les rues. C’était pour marquer la fin des 18 mois de la transition au Tchad. La réaction des autorités en charge de la sécurité publique est cinglante. Déjà à la mi-journée, le bilan est lourd : cinquante morts, manifestants et forces de l’ordre compris. Depuis lors, l’on se rejette la responsabilité. Traqués, les leaders politiques qui avaient appelé à manifester vivent reclus. De leur refuge, ils donnent des signes de vie. Pas facile pour les journalistes de relayer leurs paroles. Dans certaines rédactions, c’est l’autocensure. On ne sait plus à qui donner la parole, ni sur qui braquer une caméra, ni sur qui écrire. La prudence est de mise pour ne pas être accusé d’être de connivence avec les auteurs de ce que les autorités ont appelé « insurrection ».

Insurrection ou manifestations, le peuple d’en bas qui continue de pleurer ses morts réclame justice. Certes, selon l’adage : « tout roi est comptable des crimes qui ont été commis sous son règne », mais sur ce qui s’est passé ce 20 octobre, tous les acteurs politiques sont responsables. A la justice d’établir le degré de responsabilités des uns et des autres. Ceci pour éviter à notre pays ce qui arrive trop souvent, c’est-à-dire, transformer les victimes en coupables : s’ils sont morts, c’est de leur faute ! Ils n’auraient jamais dû sortir de chez eux. Ce serait une insulte à la mémoire de tous ces morts et blessés.

Pierre Boubane

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Par : Boutros

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