Ecrire sans travestir, Informer sans manipuler, Analyser sans préjugés

Droit de l’homme au Tchad : Amnesty International peint un tableau sombre

Dans son rapport annuel 2022 sur les droits de l’homme, publié ce mardi 28 mars, Amnesty International dresse un bilan accablant concernant le Tchad. Le recours constant à la « force excessive », les détentions arbitraires, les attaques des groupes armés, les violences intercommunautaires et les violations persistantes des droits des femmes et des filles sont entre autres les entraves aux droits humains. 

Le Tchad fait comme à l’accoutumée, du surplace ou du recul en matière de respect des droits de l’homme. Le rapport annuel 2022 d’Amnesty International rélève entre autres  un recours excessif à la force, des détentions arbitraires, des enlèvements mais aussi les violations persistantes des droits des femmes et des filles.

Les violations des droits humains sont chronologiquement répertoriées par l’Ong. Dès janvier, une manifestation Abéché contre la nomination d’un nouveau chef de canton a été réprimée dans le sang par les forces de l’ordre. L’on dénombre au moins 13 morts et 80 blessés. «Au moins 212 personnes ont été arrêtées, certaines auraient subi des mauvais traitements avant d’être libérées, après cinq jours de détention sans inculpation», révèle l’organisation qui dénonce l’usage excessif de la «force» contre des associations et contre Les Transformateurs par des agents des forces de l’ordre.

Début septembre, informe l’Ong, les forces de sécurité ont «encerclé le siège» des Transformateurs et «tiré du gaz lacrymogène», provoquant plusieurs blessés du côté des manifestants. Les «arrestations et détentions arbitraires» sont aussi des violations des droits humains enregistrés dans le pays. Amnesty International évoque l’arrestation, le transfert à la prison de Moussoro et la condamnation à 12 mois de prison avec sursis de six dirigeants de Wakit Tama pour «attroupement non autorisé, trouble à l’ordre public, destruction de biens et coups et blessures volontaires» à la suite d’une manifestation contre la politique française au Tchad. «En septembre, au moins 140 personnes qui s’étaient rassemblées devant les locaux du parti Les Transformateurs ont été appréhendées, avant d’être relâchées le jour même. Elles manifestaient contre le dialogue national et le fait que les forces de sécurité avaient encerclé le bâtiment», note le rapport annuel qui cite aussi la dispersion en août d’une manifestation des «diplômés sans emploi», qui réclament leur intégration à la fonction publique.

Autres entraves et non des moindres, c’est le droit à un procès équitable. Le rapport révèle l’arrestation et le transfert illégal dans la prison de haute sécurité de Koro Toro, à 500 kilomètres de N’Djamena au nord du pays de «plusieurs centaines de personnes, dont des mineurs». «En décembre, à l’issue d’audiences qui se sont tenues à huis clos et boycottées par les avocats des accusés, 262 hommes ont été condamnés à des peines d’emprisonnement allant de deux à trois ans, 80 autres se sont vu infliger des peines d’un à deux ans de prison avec sursis, et 59 ont été mis hors de cause», rapporte le document. Amnesty International pointe aussi du doigt des exactions des groupes armés dont celles de l’État islamique en Afrique de l’Ouest (Eiao) qui a tué des civiles dans le lac Tchad. La recrudescence des violences intercommunautaires autour de l’accès aux ressources naturelles (Danamadji, Mangalmé et Sandana) a causé des nombreux morts.

De plus en plus de violation des droits des femmes et des filles

Au Tchad, les droits des femmes et des filles sont constamment violés. Le pays enregistrait, selon l’Unicef, l’un des taux de mariages d’enfants les plus élevés au monde: «67 % des filles y sont mariées avant l’âge de 18 ans et 30 % avant l’âge de 15 ans». «En août, le Conseil supérieur des affaires islamiques siégeant à Mangalmé a instauré une amende pour les personnes refusant des propositions de mariage», informe dans ce rapport annuel Amnesty International.

Le droit à l’alimentation est mis à mal dans le pays. «La hausse des prix et les pénuries de combustibles ont aggravé l’insécurité alimentaire. Les conflits entre agriculteurs et éleveurs ont aussi perturbé la production agricole et le pastoralisme saisonnier. Environ 2,1 millions de personnes souffraient d’insécurité alimentaire et nutritionnelle au Tchad en juillet», précise le document.

La promesse d’indemnisation du président de transition de quelques 7 000 victimes de Hissène Habré à hauteur de 10 milliards de francs, peine à se concrétiser.

Stanyslas Asnan

Share on facebook
Facebook
Share on twitter
Twitter
Share on linkedin
LinkedIn
Stanyslas ASNAN

Stanyslas ASNAN

Laisser un commentaire