La date du 12 octobre 2021 est marquée par deux faits majeurs : l’éviction de ses fonctions par le président du Conseil Supérieur de la Transition, d’un de ses conseillers, par ailleurs président du Conseil d’Administration de l’Université Roi Fayçal, ainsi que la suspension de leurs fonctions par le ministre de la Santé de cinq de ses proches collaborateurs. Le début de la fin du désordre dans la haute administration tchadienne ?

Le Président du Conseil d’Administration de l’Université Roi Fayçal, par ailleurs conseiller à l’enseignement supérieur du Président du Conseil Militaire de Transition, Monsieur Hissein Massar Hissein, dans un post, appelle « toutes les personnalités, institutions et étudiants arabophones à une marche massive pour défendre les acquis de la langue arabe samedi prochain (16 octobre 2021, ndlr), afin d’exiger la destitution de la ministre, la restauration de la faculté de médecine de l’Université Roi Fayçal, le droit des arabophones à accéder à l’École nationale d’administration”. A l’origine, l’annulation par la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique d’un examen d’entrée pour une faculté de médecine à l’Université Roi Fayçal, en toute « rébellion » contre les prudentes démarches en cours avec des partenaires Egyptiens, et les précautions imposées par les expériences passées avec les deux facultés de médecine existantes à N’Djaména et à Abéché, selon la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.

Cette posture de Hissein Massar Hissein a suscité un tollé sur la toile. Les internautes, dont des arabophones, condamnent dans des propos des plus acerbes, l’acte du Conseiller du chef de l’Etat. Un ancien recteur de l’Université de N’Djaména ne s’est pas embarrassé de diplomatie pour qualifier de « n’importe quoi » cette attitude de Massar. Parce que, à son avis, c’est de la faute des gouvernants qui, au lieu « de nommer des enseignants-chercheurs arabophones de haut rang avec de vrais diplômes qui, au demeurant, sont nombreux au Tchad, on préfère nommer une personne sans référence académique, selon le SYNECS sans Diplômes, Conseiller Technique de l’Enseignement Supérieur du Président de la République mais qui ne s’occupe que des affaires et qui considère les francophones comme des ennemis ». Ironiquement, le journaliste Martin Inoua Doulgué estime que Hissein Massar Hissein « a violé les textes comme tout le monde le fait au Tchad. Il n’a rien fait de mal ».
Sur ces entrefaites, coup après coup, un décret (N°567/PR/2021 du 12 octobre 2021) déchoit le Conseiller du président de son poste de Président du Conseil d’Administration de l’Université Roi Fayçal pour le remplacer par le ministre de la l’Enseignement Supérieur (cela ne signifie pas forcément que ce sera toujours l’actuelle titulaire du poste, Mme Lydie Béassemda). Puis, un autre décret (N°571/PR/2021 du 12 octobre 2021) le démet de son strapontin de conseiller présidentiel. Désormais, on qualifiera Monsieur Hissein Massar Hissein « d’Ex- » ! Un signal fort pour dire qu’un conseiller du président, fut-il Hissein Massar Hissein, ne peut impunément appeler à une « fatwa » contre une membre du gouvernement tout en suscitant une rébellion populaire contre un acte gouvernemental.
Le second acte pris ce 12 octobre 2021 concerne l’arrêté n°0220/PMCT/PMT/MSPSN/2021 du Ministre de la Santé publique et de la Solidarité nationale qui a suspendu de leurs fonctions cinq de ses proches collaborateurs : le Directeur général du ministère, le Directeur Général de la Pharmacie, des Médicaments et des Laboratoires, le Directeur de la Pharmacie, le Directeur de Cabinet et le l’Attaché de presse. Motif : « Manquement professionnel ». Un qualificatif qui a disparu depuis belle lurette de l’administration tchadienne !
Ces deux signaux très forts pousseraient-ils à croire que, désormais, les brebis galeuses n’auront plus de place dans l’administration tchadienne ? Et que les agitateurs qui répandent des inflammables contre la cohabitation pacifique et l’unité nationale doivent ralentir leurs ardeurs ? Pourvu que d’autres actes à venir confirment notre pressentiment, car à l’orée du Dialogue National Inclusif, ces sujets figureront en bonne place !
Nestor H. Malo