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Des incendies en cascade : une punition divine ?

La seule journée du 24 mars a enregistré une cascade d’incendies à Sarh, Pala et N’Djaména. Dans le chef-lieu de la province du Moyen-Chari, l’incendie, d’origine inconnue, a pris naissance dans une station de vente anarchique de carburant pour ravager l’aile sud-ouest du marché moderne de Sarh. Le service d’incendie de l’Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne (ASECNA) a beaucoup peiné pour arriver à bout des flammes. La voirie de Sarh n’a pas un dispositif de secours incendie.

Presqu’au même moment, à Pala, chef-lieu de la Province du Mayo-Kebbi ouest, c’est le bâtiment qui abrite le district sanitaire qui a pris feu ce 24 mars 2022. Comme pour beaucoup d’autres cas ailleurs, l’origine demeure inconnue. L’inexistence d’un service de sapeurs-pompiers dans la ville n’a pas permis de contenir les flammes qui ont eu raison de tout le bâtiment. Les rares personnes arrivées sur le lieu du drame avec des moyens du bord pour tenter de sauver les meubles sont devenus spectateurs, écrit un internaute, témoin de l’événement.

A N’Djaména, la capitale, au quartier Amtoukouin, dans le 7ième arrondissement, c’est le domicile d’un particulier qui s’est consumé aussi dans le même après-midi de ce 24 mars 2022. Les sapeurs pompiers arrivés tard sur les lieux du sinistre en sont réduits, évidemment, à constater les énormes dégâts causés par le feu. Dans sa parution n°1924 du 13 mars 2022, notre confrère N’Djaména-Hebdo a recensé 18 incendies sur  la période allant du 1er janvier au 5 mars 2022. Pour notre confrère, c’est « la saison des incendies ». Depuis, ce chiffre est largement revu à la hausse.

Le marché central de Sarh en flamme

Ces incendies à répétition ont conduit les autorités communales et d’autres acteurs impliqués à prendre des mesures « drastiques » !?! Après une rencontre de crise qui a réuni ces acteurs, le 14 mars 2022, le Directeur Général de l’Autorité de Régulation du Secteur Pétrolier Aval du Tchad (ARSAT) s’est fendu d’une note circulaire pour informer « l’ensemble des marketers, distributeurs et utilisateurs de gaz butane qu’il est formellement interdit la vente des bouteilles de gaz butane dans les enceintes ou aux abords des marchés ainsi que l’utilisation des groupes électrogènes fonctionnant au gaz ». Le Maire de la ville de N’Djaména ordonne, quant à lui, la fermeture des marchés dès 17 heures et menace de punir sévèrement tout contrevenant. Mais la Société Nationale d’Electricité (SNE) n’explique rien de ses coupures intempestives qui provoquent d’innombrables courts-circuits dans les ménages et provoquent autant de dégâts. Elle se contente de pointer un doigt accusateur contre les installations anarchiques des « fraudeurs ». Le service des sapeurs-pompiers de la Commune de N’Djaména, accusé de répondre toujours très tardivement aux appels, se retourne contre les populations qu’il accuse de ne pas acheter d’extincteurs domestiques pour commencer à éteindre le feu dès sa naissance. La Police est muette par rapport aux tirs de gaz lacrymogènes dans les ménages, dont le dernier en date a provoqué un incendie dans une concession en début de semaine, près du marché de Dembé. Les tirs visent à débarrasser ce lieu des marchands qui s’installent pour permettre aux bandits de semer la terreur au sein de la population. Le comble, c’est qu’après les incendies, la population ne sait jamais rien de la suite des enquêtes (dans le cas où elles seraient commanditées) et des modalités de réparation des dommages causés aux victimes !

Le phénomène est tel que certains Tchadiens en viennent à fonder leurs conclusions sur la croyance des signes des derniers jours. « C’est Dieu qui vous punit ! C’est le signe des temps ! Repentez-vous de vos mauvaises conduites ! » Sans chercher à contrarier quiconque, il convient de rechercher aussi et d’abord les causes profondes de ces drames dans nos comportements dangereusement inciviques, nos refus de nous développer, notre gouvernance scabreuse des affaires publiques, notre inhumanité tout court !

Nestor H. Malo

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Nestor HINYANDIGUIM MALO

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