N Djamena
Les ressortissants de la sous-préfecture de Bébalem dans le département de Ngourkosso, province du Logone Occidental, ont célébré avec faste le 18 février 2023 le « Naye », fête traditionnelle unificatrice des enfants du terroir.
La population de Bébalem a célébré avec joie le Naye, l’une des fêtes traditionnelles des Ngambaye de Ngourkosso. A cette circonstance, ce n’est pas seulement la population de Ngourkosso qui s’est mobilisée mais ce sont aussi des parents, amis et connaissances venus des quatre coins de la province du Logone Occidental et d’autres localités du pays qui ont répondu présents à cette édition.
Il n’est pas encore 15 heures comme prévu, mais déjà, le site dédié pour cette fête traditionnelle est pris d’assaut par la foule. L’assistance se précipite pour avoir une bonne vue de la cérémonie.
Torse nu, l’air solennel, couteaux de jet sur l’épaule, sagaie en main, sur un cheval, Laoundoye Brahim, l’un des dépositaires de la tradition, à la tête de l’équipe organisatrice de la fête traditionnelle a été accueilli par des youyous, des sons de balafon, des flûtes et des tam-tams. Calme et disciplinée, l’assistance prête une oreille attentive au discours du dépositaire de la tradition. Laoundoye Brahim rappelle que le Naye est un moment privilégié de renouer avec les valeurs culturelles et de communier avec les aïeux. Il est une fête de réconciliation, de pardon, d’amitié et de fraternité. Cependant, il déplore certains comportements de la population de Bébalem et surtout celle de la jeunesse face aux valeurs traditionnelles qui ont pour conséquence les pertes en vies humaines, le retard de la pluie et les mauvais rendements agricoles. Il met en garde la population contre les feux de brousse, le vol, la jalousie, la bagarre, les querelles, la vengeance, les rancunes. Il implore la bénédiction des ancêtres sur Bébalem et ses activités ainsi que sur toute l’assistance.
Faisant l’historique de cette fête traditionnelle, le président du comité d’organisation, Moudjmbaidjé Alexis Reou révèle que la population de Bébalem est d’origine Boulanga, un village du canton Bédogo, département de Lac Wey. En effet, quatre frères sont partis de Boulanga à la recherche d’une de leurs femmes de la Tandjilé. De retour vers Boulanga, celle-ci a donné naissance à un enfant. Ne pouvant continuer leur voyage, les quatre frères se sont installés là après avoir découvert une mare appelée « Gouri» au bord de laquelle se trouvent l’oseille, le sorgho, la paille communément appelé « mou-kass » et le « rong » qui leur sert de flûte. Ainsi, chaque année au mois de février, ils font un sacrifice à cette mare avec le sorgho, l’oseille, le « mou-kass » et le « Rong ». Par conséquent, les dépositaires de cette tradition ne doivent manger ni l’oseille, ni le mil sorgho avant la fête au risque de perdre leur vie et ce, depuis des générations. Ce n’est qu’après cette fête traditionnelle que les activités telles que la pêche, la chasse, l’initiation des filles et des garçons, les sacrifices aux morts sont permis. Toute transgression de ces interdits expose les auteurs aux malheurs.
Des démonstrations de danses ont été exécutées, agrémentées par les courses de chevaux.
A la veille de cette fête traditionnelle, 143 enfants âgés d’au moins dix ans étaient à la pré-initiation pour être préparés à l’initiation proprement dite qui fera d’eux des véritables adultes. Depuis le mercredi 15 février la population de Bébalem est en fête jusqu’à la sortie des enfants envoyés à la pré-initiation le lundi 20 février.
Au-delà de sa dimension culturelle, la fête Naye est une opportunité d’affaires pour les propriétaires de motos taxis et autres promoteurs d’activités génératrices de revenus.
Rendez-vous est pris pour l’année prochaine pour la nouvelle édition !
Mbayamné Pierre, Bénoye
