Ecrire sans travestir, Informer sans manipuler, Analyser sans préjugés

Crise anglophone au Cameroun : aller au-delà des condamnations verbales

Dans la nuit du dimanche 5 au lundi 6 novembre 2023, une trentaine de civils ont été tués à Mamfe, une commune au Sud-Ouest du Cameroun. Un massacre qui n’a épargné ni femmes, ni enfants. Un massacre de trop.

Une barbarie, une de plus et une de trop. Près 35 personnes, tous des civils, d’après des Organisations non gouvernementales, ont été, je cite, « brûlées vives » le 6 novembre à l’aube, à Mamfe, dans le Sud-ouest du Cameroun. Des hommes mais aussi des femmes et des enfants seront surpris dans leur sommeil par des flammes. Celles et ceux qui ont essayé de s’échapper seront lâchement abattus à bout portant. Si cet horrible massacre n’a pas été revendiqué, les regards se tournent vers les groupes armés séparatistes, accusés d’avoir effectué, je cite, des représailles contre des populations civiles soupçonnées de coopérer avec les forces gouvernementales.

Les autorités qualifient cette attaque de «terroriste», la France parle de « violences sont inacceptables» contre les «civils». Le Secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, exhorte de son côté à une «issue pacifique à cette crise».

Que retenir de cette crise dite anglophone ? Pourquoi les civils sont-ils les cibles d’attaques tant des forces gouvernementales que des groupes armés séparatistes ? Pour répondre à cette question, il faut repartir quelques années en arrière. Depuis le référendum constitutionnel de 1972 qui met fin au système fédéraliste, les populations anglophones se sentent marginalisées par l’administration majoritairement francophone. Le conflit couvait depuis lors mais la goutte d’eau qui fera déborder le vase, c’est la grève des avocats et des enseignants de décembre 2016, suivie de la sanglante répression de la manifestation pour proclamer l’indépendance des régions anglophones, le 1er octobre 2017.

Comme une vilaine blessure mal traitée, la crise s’enlisera et les contestations feront place à l’émergence d’une mosaïque de groupes armés séparatistes. Les installations gouvernementales et les forces de sécurité feront systématiquement la cible d’attaques et les populations, accusées à tort ou à raison de coopérer avec l’un des camps en conflit en paieront le tribut. En 7 ans, cette crise aura fait 6000 morts et 800 000 déplacés, en majorité des femmes et des enfants.

Face à cette situation chaotique, ne faudrait-il pas aller au-delà des simples condamnations qui frisent le ridicule. On se demande si les partenaires du Cameroun et Nations-Unies ne pourraient-ils pas contraindre les belligérants à s’asseoir autour de la table de négociation. C’est une question de volonté et sans une action concrète, le sang continuera à couler encore et encore.

Stanyslas Asnan

 

Share on facebook
Facebook
Share on twitter
Twitter
Share on linkedin
LinkedIn
Stanyslas ASNAN

Stanyslas ASNAN

Laisser un commentaire