Au Rwanda le premier laboratoire mobile du groupe allemand BioNTech est arrivé lundi 13 mars à l’aéroport de Kigali. Le projet vise à augmenter la production de vaccins contre la Covid 19. Deux autres pays africains sont concernés par le projet : le Sénégal et l’Afrique du Sud. Après la lutte pour l’indépendance politique et économique, l’Afrique se mobilise pour son indépendance médicale.
Enfin ! Indépendance médicale, c’est peut-être trop dire ! Mais plutôt pour minimiser sa dépendance vis-à-vis des autres continents. C’est en tout cas le souhait, de plus en plus, exprimé par certains leaders politiques africains. Parce que l’une des principales leçons tirées de l’expérience de la pandémie de Covid 19 par nombre d’Africains est qu’il faut, d’abord, compter sur ses propres moyens. En effet, lorsque la COVID 19 fait irruption dans nos vies, on a observé une sorte de protectionnisme abyssale. Au niveau de la communication on a également noté des propos pour le moins désastreux sur l’Afrique. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation des Nations Unies (ONU) provoquent une vive polémique à travers les déclarations de leurs dignes patrons. Le Secrétaire Général de l’ONU et le patron de l’OMS prédisent des millions de morts sur le sol africain. Leurs propos provoquent, alors, l’ire des Africains. S’inquiète-t-on pour leurs vies ? Ou invoque-t-on le malheur sur eux ? Trois ans plus tard, le continent est en sursis. Les millions de morts prédits ne sont pas encore enregistrés. Plusieurs raisons pouvant expliquer cela sont évoquées : pour les uns le soleil au-dessus de nos têtes et la forte chaleur ont sauvé l’Afrique, pour les autres l’Afrique a la baraka ; les plus superstitieux ont vu une protection de nos ancêtres. En tout cas, officiellement la Covid 19 n’a pas tué des millions d’Africains.
La bonne nouvelle aujourd’hui est que cette pandémie a aidé à réfléchir pour ficeler des politiques médicales qui militent en faveur d’une indépendance médicale. C’est dans cette optiques que des premières productions des vaccins à ARN contre la Covid-19 seront réalisées au Rwanda, au Sénégal et en Afrique du Sud. Le premier BioNTainer, un laboratoire mobile du groupe allemand BioNTech, est arrivé lundi dernier à l’aéroport de Kigali. Le projet a été mis en route depuis octobre 2021 dans un cadre de coopération entre l’Allemagne, le Rwanda et le Sénégal. Le projet est en phase d’être concrétisé.
Pour le bénéfice de cette réflexion, il sied de rappeler ici le souhait exprimé par de nombreux chercheurs africains sur l’impératif de soutenir financièrement la recherche dans le domaine médical. L’objectif étant de minimiser la dépendance de l’Afrique par rapport aux partenaires extérieurs. « Avec 1,2 milliard d’habitants, l’Afrique compte environ 375 producteurs de médicaments contre 10 500 pour la seule Inde », renseigne l’Agence Ecofin. Selon la même source, malgré un fort potentiel, l’Afrique importe 70% de ses besoins en médicaments. C’est cela ce qu’il faut corriger.
Il y a quelques années, l’économiste Felwine Sarr exprimait avec émotion et conviction que l’Afrique n’a personne à rattraper. Elle a à faire son chemin. Même si ses partenaires continuent de penser qu’elle est plus une charge pour le reste du monde, qu’un atout, c’est incontestable, l’Afrique marche mais à son rythme.
Pierre Boubane