Le conseil extraordinaire des Ministres présidé par le Président de transition Général Mahamat Idriss Deby Itno a adopté, mercredi dernier, le projet de loi d’une amnistie générale pour les personnes impliquées dans les évènements du 20 octobre 2022.
On est tenté de dire chose promise chose due ! Le président de transition et son gouvernement ont approuvé ce projet d’amnistie générale pour « les faits commis pendant les évènements du 20 octobre 2022 ». Il a été transmis au Conseil National de Transition CNT pour être examiné. Quel est l’accueil que le CNT réservera à ce projet d’amnistie générale ? Un projet reste un projet. Nous autres, simples observateurs attentifs et commentateurs de la vie politique de notre pays, suivrons avec attention ce processus.
Pendant ce temps, les critiques contre l’accord signé par le gouvernement et le président des Transformateurs ne retombent toujours pas….
Une partie de la classe politique est vent debout contre cet accord. Malheureusement, le leader des Transformateur est la cible de toutes les critiques y compris celles de certains de ses alliés d’hier. On reproche à Dr Succès Masra d’avoir signé un accord inique et égoïste. Et pourtant, cet accord a permis à des Tchadiens de rentrer au pays retrouver leurs proches. Surtout, l’accord a permis de décrisper un tout petit peu le climat sociopolitique tendu. Dr Masra, à beau rappeler urbi et orbi, ces paroles du livre de l’Ecclésiaste : il y a un temps pour chaque chose, un temps pour faire la guerre et un temps pour faire la paix, rien n’est fait, ses détracteurs lui reprochent d’avoir trahi la lutte de l’opposition politique sans voir le côté positif de l’accord du 31 octobre 2023.
Quelles leçons tirer de tout ceci ?
Premièrement, par la force des choses Dr Masra a fini par devenir un instrument de communication pour nombre de partis politiques de l’opposition dont on entend presque plus parler. Ils ont surgi tout d’un coup pour condamner l’acte posé par le leader des Transformateurs, sans même connaître les tenants et les aboutissants dudit accord. Nous sommes en politique toute occasion est à exploiter pour exister. C’est ce à quoi nous assistons depuis le retour du leader des Transformateurs. Deuxièmement, et toute proportion gardée, en politique la morale n’existe pas. Tous les coups sont permis, parfois des vies peuvent être sacrifiées pour atteindre son but. Vous connaissez l’adage qui dit : la fin justifie les moyens. Ce qui fait dire à certains : la politique est sale. Et franchement ce dont nous parlons depuis quelques semaines semble en attester. Les acteurs politiques peuvent se battre à mort. Ceux qui réussissent à survivre peuvent toujours se retrouver dans une pièce sombre loin des caméras pour s’absoudre de leurs péchés par la signature de quelques papiers et aller dans le bar d’à côté prendre un ver de bière ou une calebasse de bili-bili pour célébrer leur réconciliation. Tant pis pour ceux qui sont morts en se battant pour eux ou à leurs côtés. Pour le cas que nous évoquons-là : quel est le message envoyé par les différents acteurs qui se sont liés par cet accord signé loin du théâtre des affrontements ? Eh bien : pour ce qui s’est passé avec tous ces morts et blessés : personne n’est responsable, tout le monde est responsable ! Enfin de compte, les grands perdant ce sont les morts et les blessés. Un journal de la place a écrit avec pertinence à propos des victimes des évènements du 20 octobre 2022 : « les morts attendront la résurrection, les invalides attendront la mort et les diplômés sans-emplois désœuvrés attendront d’être frappés d’invalidité ». C’est cruel à entendre cela mais n’est-ce pas la vérité ?
Pierre Boubane