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A Yaoundé, 15ème session ordinaire de la conférence de la CEMAC

A Yaoundé au Cameroun, ouverture de la 15ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat de la CEMAC. Parmi les sujets inscrits dans l’agenda des travaux, il y a la question de l’indépendance monétaire. Les pays membres de la CEMAC veulent en finir avec le franc CFA. L’Afrique centrale peut-elle réussir là où l’Afrique de l’Ouest a, pratiquement, échoué ?

L’Afrique centrale a plus d’atouts que l’Afrique de l’Ouest, pour réussir à abréger la vie de cette monnaie coloniale qu’est le CFA, tant décrié. L’Afrique noire francophone semble comprendre qu’elle ne saurait, véritablement être indépendante sur le plan politique, si elle ne l’est sur le plan économique et monétaire. Cette prise de conscience est entretenue et soutenue par une jeunesse africaine, décomplexée, comme elle se présente. Pour elle, la lutte pour une vraie libération de l’Afrique noire francophone, c’est maintenant ou jamais. Et cela passe par la fin du franc CFA. Les Chef d’Etats et de gouvernement sont, bon gré malgré eux, contraints d’être attentifs aux discours de cette jeunesse qui semble désormais ne reculer devant aucun danger réel ou apparent.

L’Afrique centrale peut-elle réussir là où l’Afrique de l’Ouest a échoué à imprimer une monnaie commune, en l’occurrence l’Eco ? Il y a des raisons de croire que l’Afrique centrale peut, en effet, réussir là où les pays de l’Afrique de l’Ouest, réunis au sein de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, qui ont le même objectif, c’est-à-dire mettre fin au franc CFA, ont échoué. L’Afrique centrale a plus d’atouts pour réussir. Le Premier est la taille de la CEMAC. Seulement 6 pays y sont membres. La CEDEAO, c’est 12 pays membres, avec trois langues de travail : le français, l’anglais, et le portugais. Le Deuxième atout majeur pour l’Afrique centrale est qu’aucun pays ne dispose de sa propre monnaie, en dehors du bitcoin de la Centrafrique. Trouver un consensus pour imprimer une monnaie commune parait beaucoup plus facile et simple. En Afrique de l’Ouest sur les 13 pays membres de la CEDEAO, 8 partagent le franc CFA au sein de l’Union économique et monétaire ouest africain –UEMOA. Les autres pays ont leur propre monnaie. Lorsque le projet de l’Eco est agité, c’est l’emballement général. Qui, diantre, a pu inspirer une telle idée aux dirigeants politiques ? Les populations saluent l’initiative et la soutiennent pleinement. Mais très vite, la pomme de discorde apparait au sein de la Conférence des chefs d’Etats de la CEDEAO. C’est lorsqu’il s’est agi de réfléchir à quelle monnaie l’Eco devait être arrimée ? Des sources concordantes indiquent que les deux économies locomotives de l’Afrique de l’Ouest, à savoir la Côte d’Ivoire et le Nigéria, ne se seraient pas entendus sur le rôle que pouvait jouer la France dans la vie de la nouvelle monnaie. Plus globalement, les pays anglophones membres de la CEDEAO ne veulent plus d’une tutelle, surtout pas celle de la France.

Pour revenir chez nous, nous disons que politiquement et même sur le plan économique, l’Afrique centrale a beaucoup plus de chance que l’Afrique de l’Ouest de réussir à accéder à l’indépendance financière et monétaire pour les atouts sus-évoqués : d’abord nous avons évoqué la taille. Il est plus facile de s’entendre à 6 qu’à 13. Dans les pays de l’Afrique centrale, une monnaie commune le franc CFA circule déjà partout. C’est un énorme atout. Les pays membres de la CEMAC partagent le français comme langue officielle de travail, excepté, la Guinée Equatoriale. C’est également un atout considérable. Et enfin, un dernier élément, non moins important, est qu’aucun pays parmi les 6, n’est véritablement plus avancés que les autres, sur le plan économique, politique…etc. L’Afrique centrale a donc tous ces atouts à faire valoir pour concrétiser son projet. Mais que peuvent bien valoir ces atouts listés sans la volonté politique ?

Des économistes contactés par nos soins pour proposer cette analyse sont tous pessimistes. Quasiment tous estiment que le franc CFA a encore de beaux jours. Les dirigeants politiques de la CEMAC se limiteront à l’impression des nouveaux billets CFA qu’ils ont mis en circulation depuis le début de l’année en cours pour lutter contre les faux billets. Ils n’iront pas plus loin. Procès d’intention ? Ou prophétie ? Le futur nous édifiera !

Pierre Boubane

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Par : Boutros

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