Le rapport 2023 de Human Rights Watch (Hrw) sur le Tchad révèle la recrudescence des violents affrontements entre les éleveurs et les agriculteurs dans le sud, les mouvements rebelles dans le nord du pays mais aussi la suite des événements du 20 octobre 2022 ainsi que le déplacement des centaines de milliers des Soudanais à la suite des combats dans leur pays.
Au Tchad, l’année 2023 sera marquée le deuxième anniversaire du président de transition Mahamat Idriss Déby Itno à la tête du pays. Dans ce rapport, l’organisation rappelle que dans le nord du pays, « les mouvements rebelles sont restés actifs », et les tensions entre le gouvernement et le groupe d’autodéfense Miski « sont toujours vives » en dépit d’un accord de paix signé entre les deux parties en début d’année 2023. « Un autre groupe rebelle s’est formé dans le sud du Tchad au début de l’année 2023, le long de la frontière avec la République centrafricaine », note le ce rapport qui précise par ailleurs que l’émergence de ce groupe a coïncidé avec « une recrudescence des violents affrontements entre des communautés d’éleveurs et d’agriculteurs » dans cette partie du pays. Plus d’un an après la sanglante répression des manifestations du 20 octobre 2022, Human Rights Watch regrette qu’à ce jour, « aucune responsabilité n’a été établie » et que les conclusions de l’enquête diligentée par la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Ceeac) « n’ont pas encore été rendues publiques ». 2023 sera aussi marquée par l’arrestation et la détention « pendant trois semaines » au siège de l’Ans (agence nationale de sécurité » d’au moins « 72 membres et sympathisants du parti les Transformateurs».
Violences dans le sud
Dans ce document, l’organisation révèle que les affrontements violents, «attribués aux conflits entre éleveurs et agriculteurs sédentaires, se sont multipliés dans le sud». En avril, rapporte le texte, «au moins 23 personnes autour des Monts de Lam, dans la province du Logone-Oriental, ont été tuées en moins de 48 heures. Le 8 mai, au moins 17 autres personnes ont péri dans une attaque menée par des hommes armés non identifiés contre le village de Dion. Le 17 mai, dans la même région, 11 personnes ont été tuées parce que le gouvernement a qualifié de bandits». Selon ce rapporte, la plupart «des victimes étaient de jeunes enfants». Le cycle de représailles meurtrières s’est poursuivi précise ce rapport jusqu’en «septembre à proximité des Monts de Lam». Outre les affrontements dans le sud du pays, le rapport évoque la présence des groupes armés islamistes dans le pays. «Les groupes armés islamistes Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest (Islamic State in West Africa Province, Iswap) ont continué de mener des attaques contre des civils dans la région du lac Tchad», note le document. Le Tchad paie un lourd tribut de la guerre au Soudan. Le pays qui comptait jusque-là environ 1,9 million de personnes, accueille début octobre, plus de 4200. 000 réfugiés soudanais supplémentaires. Dans le pays, les taux de malnutrition dépassant dans plusieurs régions le seuil critique fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Malgré la condamnation de leur bourreau, les victimes de l’ancien président Hissène Habré, n’ont pas, regrette Hrw reçu «d’indemnisation».
Stanyslas Asnan